Citations

GOMÈS ACCEPTERA-T-IL UN ACCORD ?

Sa prestation à la télévision, dimanche soir, est déjà une réponse à cette question : un accord entre les « loyalistes est-il possible pour sortir de la crise actuelle ? Philippe Gomès campe sur ses positions, exposées depuis la chute du dernier gouvernement :

  • Calédonie Ensemble a réalisé le meilleur score aux récentes élections provinciales, ce qui lui confère le statut de première force politique
  • Calédonie Ensemble est l’initiateur du « contrat de gouvernance solidaire » (CGS) qui a permis au Front pour l’Unité de diriger le gouvernement au travers de Cynthia Ligeard
  • Le FPU n’a pas voté les textes approuvés par le CGS et a donc rompu le contrat
  • Compte tenu de ce qui précède, Calédonie Ensemble « reprend ses billes » et doit présider le gouvernement.

Si tel n’est pas le cas, il faut retourner devant « le peuple calédonien », c’est à dire dissoudre le Congrès et organiser de nouvelles élections provinciales. Et à ce sujet, modifier le mode de scrutin pour que le parti politique arrivé en tête bénéficie d’une « prime » lui permettant de disposer de la majorité absolue. Pas moins. Seulement voilà : non seulement les deux autres partis loyalistes, FPU et UCF ( Gael Yanno, Sonia Backes, Isabelle Lafleur et Philippe Blaise) ne sont pas d’accord, mais le Président de la Commissions des Lois de l’Assemblée Nationale, Jean-Jacques Urvoas, aussi … Philippe Gomes a beau dire qu’Urvoas n’est qu’un député comme lui, un Président de la Commission des Lois, qui plus est, très proche de Manuel Valls qui l’avait pressenti pour être Ministre de l’Intérieur, n’est pas un député comme des autres. Or Jean-Jacques Urvoas est clair : pas de dissolution du Congrès, pas de modification de la Loi organique, pas de passage en force pour résoudre la crise calédonienne actuelle. C’est en quelque sorte, la position des socialistes. Et en filigrane, celle du gouvernement. Pierre Frogier va dans ce sens, en faisant appel à la sagesse des « signataires des Accords », et en invitant le gouvernement français en sa qualité de signataires, à réunir un comité extraordinaire, éclairé de l’esprit de compromis et de consensus des Accords. Les indépendantistes eux mêmes, ou du moins l’Union Calédonienne, tentent de mettre en place une solution calédonienne qu’ils arbitreraient. Au total, Philippe Gomès paraît isolé, et surtout, ne semble pas disposer des moyens d’imposer SA solution. Reste alors la négociation. Avec au bout, chacun l’a compris, une grande difficulté pour Calédonie Ensemble de « cumuler » les présidences de la Province sud et du Gouvernement. Les proches du Président de Calédonie Ensemble l’affirment. « Philippe ira jusqu’au bout. Il ne calera pas ! ». C’est probablement dans la nature du député de la 2è circonscription. La seule solution acceptable pour lui, c’est que les indépendantistes lui apportent un soutien, même si politiquement, l’explication sera difficile à exposer. Il s’en sent probablement capable, capable d’expliquer qu’une prétendue « coalition » entre le Rump et l’UC était éminemment condamnable, mais qu’un apport de voix indépendantistes à Calédonie Ensemble est un acte positif à la construction des Accords …

SONIA LAGARDE : LA DÉMISSION ?

« Les yeux dans les yeux … »

La formule est désormais célèbre, engagement de démissionner de son mandat parlementaire en cas d’élection au poste de Maire de Nouméa prise devant 100 000 téléspectateurs par Sonia Lagarde. C’était au temps de la campagne électorale. Et comme dit si mal le dicton :  » les promesses rendent les couillons joyeux » …

Seulement voilà. Même si Madame la députée-Maire n’a visiblement guère envie de renvoyer son mandat national aux orties, il faut savoir qu’au sein de l’UDI, son parti d’accueil métropolitain, ses collègues n’ont guère envie qu’elle démissionne. C’est que Sonia Lagarde est une rare députée-Maire d’une ville de 100 000 habitants, et probablement la seule femme à répondre à ce critère envié.

En outre, il est vrai qu’un Maire, de surcroît député, fait jouer son mandat national au profit de sa ville. On l’a vu récemment avec l’intervention de la députée-Maire de Nouméa en faveur de l’armement de sa police municipale. C’était acquis, disent les mauvaise langues. Il n’empêche. Qui peut nier que son statut de parlementaire n’a pas aidé à la démarche.

D’ailleurs, elle n’a pas voté la censure au gouvernement de Manuel Valls, contrairement … à son collègue et chef politique Philippe Gomès. En coulisse, certains ne manquent pas de dénoncer un grossier stratagème pout ne pas déplaire à la majorité socialiste : un vote pour, un vote contre, et tout le monde est content.

Alors, au fond, pourquoi démissionner ?

La question n’est pas simple pour l’intéressée. Mais outre les critiques des opposants politiques, et ceux de son propre camp qui souhaitent l’élection possible de Philippe Dunoyer, les Nouméens ne semblent pas avoir la dent dure contre leur première magistrate.

Apparemment. Mais disent-ils ce qu’ils pensent ?

C’est probablement la prochaine élection nouméenne qui apportera la réponse. En attendant, Sonia Lagarde peut rester, sans coup férir, députée jusqu’à la fin 2016 …