INTERVIEW DE SARKOZY : LE DECRYPTAGE

De l’interview de Nicolas Sarkozy recueillie par Les Nouvelles en début de semaine que faut-il retenir ? Que faut-il comprendre entre les lignes ? Décryptage.

1 – Sur la crise actuelle du gouvernement : suggestions sur la forme et sur le fond.
Il qualifie cette crise de « lutte de pouvoir à laquelle plus personne ne comprend rien » et donne son avis sur une possible sortie de crise :

  • Sur la forme : pour 3 postes de responsabilités revendiqués, il estime un accord possible avec « un peu de bonne volonté« .
  • Sur le fond : « retrouver » – ce qui sous-entend qu’il a été perdu- le « principe de collégialité« , c’est à dire rechercher des points d’accord. Il propose, sous forme interrogative, que les partis se mettent « d’accord sur les grands axes politiques de la mandature 2014-2018« .

2 – la sortie de crise : par le haut sans rompre un consensus national sur la Calédonie
Nicolas Sarkozy indique clairement qu’il ne souhaite pas rompre le consensus national sur la question calédonienne et « laisse au gouvernement (de la République) le soin de décider des moyens les plus opportuns pour sortir de la crise ». Une sortie qu’il préfère « par le haut« .

3 – Non à la modification de la loi organique sauf si le Comité des Signataires la demande.
Une telle réforme irait « à l’encontre de l’esprit de l’Accord de Nouméa » qui est de faire « primer la collégialité sur le fait majoritaire« .

Pour lui, une seule hypothèse pour cette modification : l’accord du Comité des Signataires.

4 – Il oeuvrera pour le rapprochement entre l’UCF (ou du MPC) et le  Rassemblement
Modestement … , Nicolas Sarkozy prône la « coordination » entre ces deux courants locaux de l’UMP et invite les protagonistes à « trouver des points d’accord« .

5 – Modifier la sortie prévue par la Loi organique : oui si le Comité des Signataires « élargi » le demande.
L’Etat est en même temps signataire et garant « du respect de l’esprit de l’Accord de Nouméa« . Nicolas Sarkozy estime qu’une solution différente de celle prévue dans la Loi organique devra faire l’objet d’un accord du « Comité des Signataires dans sa formation élargie actuelle« .

6 – L’après 2018 : un nouvel accord inscrit dans le « temps long ».
Nicolas Sarkozy est clair. Il suggère sa préférence pour une solution différente du referendum couperet, et indique clairement la voie qu’il préfère : un nouvel accord « qui devrait s’inscrire dans le temps long » à l’image de ce « les forces politiques » avaient décidé en 1998. En tout les cas, « une solution partagée » plutôt qu’imposée.

7 – Nicolas Sarkozy préfère le maintien de la Calédonie dans la République mais ce sont les Calédoniens qui décideront.
L’ancien Président de la République n’a pas varié. Les Calédoniens doivent décider, et personne d’autres, mais lui, à titre personnel, préfère, pour la Nouvelle-Calédonie comme pour la France, que notre territoire demeure au sein de la République.

Il invite également les forces politiques « à mettre à jour leur revendication« . En filigrane, ne faut-il pas analyser la situation d’indépendance comme de maintien dans la République à la lumière des situations nationale et mondiale actuelle ?

9 – Les listes électorales : adapter le droit pour garantir les principes énoncés en 2007.
L’Etat doit se tenir à sa position de 2014. Il suggère clairement « d’adapter le droit en conséquence« , en partant du principe que les « équilibres de l’Accord » ne seront pas modifiés -« ce qui me semble une évidence« – par l’exclusion de 5000 électeurs. « Il faut donc revenir aux principes énoncés en 2007 : toute personne justifiant d’une arrivée antérieure à novembre 1988 a vocation à être inscrite sur une liste spéciale« .

L’Actu du jeudi 5 Mars

NOUVELLE-CALEDONIE

  • Valé Inco, désormais 1er producteur mondial de nickel (275 000 tonnes) espère produire plus de 36 000 tonnes en 2015
    Nouvelle réunion entre la Dec et les parents d’élèves de Teouty pour trouver une issue au conflit qui dure depuis 3 semaines.
  • La ville de Nouméa avait été la première à solliciter le label              « Ecoquartier » pour la rénovation de la vallée Sakamoto. Une mission du ministère du logement vient faire connaître ce label à toutes les collectivités..
  • A Ouvéa, après 400 millions travaux, le gîte Beauprès va accueillir ses clients dans un cadre rénové. Un site exceptionnel au bord de la place de Fayahoué, 12 bungalows dont 2 bungalows familiaux.
  • Guillaume Néry, champion du monde d’apnée, est en vacances sur le territoire.
    POLITIQUE
    Nicolas Sarkozy, interviewé par le quotidien Les Nouvelles, ne varie pas : une solution partagée entre indépendantistes et non-indépendantistes, et préférence personnelle pour une Calédonie dans la France. Sur la crise du gouvernement local, le Président de l’UMP estime que la solution est dans la collégialité et fera tout pour rapprocher les deux camps locaux de sa famille politique. Enfin il condamne les initiatives du gouvernement français sur le corps électoral.
    MONDE
    La Japonaise Misao Ohkawa a fêté ce mercredi ses 117 ans en présence de ses proches et du maire de sa ville. Elle est officiellement reconnue comme étant la personne la plus âgée du monde par le Guinness des records.

Mardi 3 mars

NOUVELLE -CALEDONIE
RRB, née le 3 mars 1985, fête ses 30 ans.
La présidente du gouvernement demande à l’Etat de revoir le décret sur les armes et d’entreprendre une consultation des intéressés à l’issue de la séance hebdomadaire de l’institution. Elle estime le texte adopté par l’Etat inapplicable.
Le gouvernement a adopté 2 délibérations et 18 arrêtés. A l’égard de l’Etablissement de Formation Professionnelle des Adultes (ETFPA), un programme d’intervention de 120 millions a été voté.
Le gouvernement va également renouveler l’aide aux étudiants pour l’acquisition d’ordinateurs à prix réduits lors de sa prochaine réunion.
Les Maires de Voh, Koné et Pouembout, excédés par les débordements, demandent une interdiction de ventre d’alcool pendant les week end et jours fériés ainsi que les mercredi après midi. La mesure va être prise pour une période de 3 mois.
Le groupe scolaire de Téouty, de la DEC, est toujours bloqué et menacé de fermeture.
Les Commissions administratives spéciales, chargées de la révision des listes électorales, devront vérifier elles-mêmes la situation des électeurs. Le travail des commissions est ainsi considérablement alourdi.
La réglementation concernant les pesticides est légale. C’est le verdict de la Cour Administrative d’Appel qui rejette ainsi la requête de Ensemble pour la Planète
Affaire de défiscalisation à Wallis : les peines prononcées à Wallis ont été minorées par la Cour d’Appel de NOuméa.
POLYNESIE
L’élection des deux Sénateurs du Tahoera a été annulée par le Conseil Constitutionnel. Les grands électeurs sont donc convoqués le 3 mai prochain.
AUSTRALIE
Thalès obtient un contrat d’une cinquantaine de milliards FCFP pour la vente d’un dispositif intégré de gestion du contrôle aérien.m

Lundi 2 mars

RRB A 30 ANS ! – C’est le 3 mars 1985 qu’en pleine tourmente calédonienne, Christian Prost et Elisabeth Nouar lancent la radio qui défend le maintien de la Calédonie dans la France. Un engagement militant qui s’est suivi par le développement de la plus importante radio du territoire.

UN GEANT A TONTOUTA – Escale en provenance des Philippines, le fleuron de transport militaire Airbus était de passage à Tontouta, l’A-400M Atlas. L’avion était présenté au salon aéronautique de Melbourne.

THIO – La Mairie lance une opération de solidarité pour les sinistrés des dernières inondations.

CHAMPION DU MONDE de Stand up Paddle longue distance, Titouan Pouillot défendra son titre en mai prochain au Mexique.

L’AUTEUR PRESUME DE L’HOMICIDE d’un cycliste à Koné a été mis en examen. Il était sous l’emprise de l’alcool et du cannabis.

DICOS EN CM2 – La distribution classique des dictionnaires en CM2. La députée Maire était lundi matin à l’école Emilie Panné.

LE PRINCE HARRY pourrait servir dans une unité des Forces Armées australiennes pendant plusieurs semaines.

Aircalin : presque l’équilibre en 2014

La compagnie Aircalin vient de réaliser son meilleur résultat de puis plusieurs années : un déficit limité à 107 millions pour l’exercice 2014, autant dire quasiment l’équilibre pour un chiffre d’affaires supérieur à 17 milliards FCFP.

Certes, la baisse du prix du carburant y est pour quelque chose. Mais pas que. Le marché calédonien est à nouveau en croissance, tout comme les marchés japonais, australiens et néo-zélandais. Seul, le marché métropolitain est en repli, pour cause de crise économique, mais également, de restrictions au dispositif de continuité territoriale.

Seul hic : ACI a du consentir des efforts tarifaires, aussi bien pour les touristes que pour les voyageurs calédoniens, ce qui réduit sa recette unitaire. Mais le maintien d’une croissance passagers est à ce prix.

Autre effort : l’ouverture demandée par les hôteliers de la ligne Melbourne. Celle-ci est pour l’instant lourdement déficitaire. La Nouvelle-Calédonie, au travers de l’Agence pour le Desserte aérienne, comble en grande partie ces pertes, le reste est à la charge du transporteur local.

Pour 2015, l’approche de la compagnie est prudente et se veut réaliste. Pour autant, elle affiche de solides ambitions pour la croissance des marchés touristiques, ce qui est une bonne nouvelle pour les autres acteurs du tourisme.

Et déjà se profilent d’importantes décision à prendre dès cette année, telle le renouvellement de la flotte. Gros investissement. Mais les avions actuels seront bientôt trop gourmands en maintenance comme en carburant. Il est donc impératif de les remplacer par des aéronefs de nouvelle génération. Plus économiques.

Air Tahiti Nui vient d’opter pour des Boeing. Aircalin devra choisir à son tour. Dès cette année.

GOMÈS ACCEPTERA-T-IL UN ACCORD ?

Sa prestation à la télévision, dimanche soir, est déjà une réponse à cette question : un accord entre les « loyalistes est-il possible pour sortir de la crise actuelle ? Philippe Gomès campe sur ses positions, exposées depuis la chute du dernier gouvernement :

  • Calédonie Ensemble a réalisé le meilleur score aux récentes élections provinciales, ce qui lui confère le statut de première force politique
  • Calédonie Ensemble est l’initiateur du « contrat de gouvernance solidaire » (CGS) qui a permis au Front pour l’Unité de diriger le gouvernement au travers de Cynthia Ligeard
  • Le FPU n’a pas voté les textes approuvés par le CGS et a donc rompu le contrat
  • Compte tenu de ce qui précède, Calédonie Ensemble « reprend ses billes » et doit présider le gouvernement.

Si tel n’est pas le cas, il faut retourner devant « le peuple calédonien », c’est à dire dissoudre le Congrès et organiser de nouvelles élections provinciales. Et à ce sujet, modifier le mode de scrutin pour que le parti politique arrivé en tête bénéficie d’une « prime » lui permettant de disposer de la majorité absolue. Pas moins. Seulement voilà : non seulement les deux autres partis loyalistes, FPU et UCF ( Gael Yanno, Sonia Backes, Isabelle Lafleur et Philippe Blaise) ne sont pas d’accord, mais le Président de la Commissions des Lois de l’Assemblée Nationale, Jean-Jacques Urvoas, aussi … Philippe Gomes a beau dire qu’Urvoas n’est qu’un député comme lui, un Président de la Commission des Lois, qui plus est, très proche de Manuel Valls qui l’avait pressenti pour être Ministre de l’Intérieur, n’est pas un député comme des autres. Or Jean-Jacques Urvoas est clair : pas de dissolution du Congrès, pas de modification de la Loi organique, pas de passage en force pour résoudre la crise calédonienne actuelle. C’est en quelque sorte, la position des socialistes. Et en filigrane, celle du gouvernement. Pierre Frogier va dans ce sens, en faisant appel à la sagesse des « signataires des Accords », et en invitant le gouvernement français en sa qualité de signataires, à réunir un comité extraordinaire, éclairé de l’esprit de compromis et de consensus des Accords. Les indépendantistes eux mêmes, ou du moins l’Union Calédonienne, tentent de mettre en place une solution calédonienne qu’ils arbitreraient. Au total, Philippe Gomès paraît isolé, et surtout, ne semble pas disposer des moyens d’imposer SA solution. Reste alors la négociation. Avec au bout, chacun l’a compris, une grande difficulté pour Calédonie Ensemble de « cumuler » les présidences de la Province sud et du Gouvernement. Les proches du Président de Calédonie Ensemble l’affirment. « Philippe ira jusqu’au bout. Il ne calera pas ! ». C’est probablement dans la nature du député de la 2è circonscription. La seule solution acceptable pour lui, c’est que les indépendantistes lui apportent un soutien, même si politiquement, l’explication sera difficile à exposer. Il s’en sent probablement capable, capable d’expliquer qu’une prétendue « coalition » entre le Rump et l’UC était éminemment condamnable, mais qu’un apport de voix indépendantistes à Calédonie Ensemble est un acte positif à la construction des Accords …

SONIA LAGARDE : LA DÉMISSION ?

« Les yeux dans les yeux … »

La formule est désormais célèbre, engagement de démissionner de son mandat parlementaire en cas d’élection au poste de Maire de Nouméa prise devant 100 000 téléspectateurs par Sonia Lagarde. C’était au temps de la campagne électorale. Et comme dit si mal le dicton :  » les promesses rendent les couillons joyeux » …

Seulement voilà. Même si Madame la députée-Maire n’a visiblement guère envie de renvoyer son mandat national aux orties, il faut savoir qu’au sein de l’UDI, son parti d’accueil métropolitain, ses collègues n’ont guère envie qu’elle démissionne. C’est que Sonia Lagarde est une rare députée-Maire d’une ville de 100 000 habitants, et probablement la seule femme à répondre à ce critère envié.

En outre, il est vrai qu’un Maire, de surcroît député, fait jouer son mandat national au profit de sa ville. On l’a vu récemment avec l’intervention de la députée-Maire de Nouméa en faveur de l’armement de sa police municipale. C’était acquis, disent les mauvaise langues. Il n’empêche. Qui peut nier que son statut de parlementaire n’a pas aidé à la démarche.

D’ailleurs, elle n’a pas voté la censure au gouvernement de Manuel Valls, contrairement … à son collègue et chef politique Philippe Gomès. En coulisse, certains ne manquent pas de dénoncer un grossier stratagème pout ne pas déplaire à la majorité socialiste : un vote pour, un vote contre, et tout le monde est content.

Alors, au fond, pourquoi démissionner ?

La question n’est pas simple pour l’intéressée. Mais outre les critiques des opposants politiques, et ceux de son propre camp qui souhaitent l’élection possible de Philippe Dunoyer, les Nouméens ne semblent pas avoir la dent dure contre leur première magistrate.

Apparemment. Mais disent-ils ce qu’ils pensent ?

C’est probablement la prochaine élection nouméenne qui apportera la réponse. En attendant, Sonia Lagarde peut rester, sans coup férir, députée jusqu’à la fin 2016 …