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GOUVERNEMENT : UN PRÉSIDENT AVANT LA MI-MAI ?

La situation ubuesque du nouveau gouvernement devra bien se débloquer un jour. Il en va du reste de crédibilité du mouvement indépendantiste. Au jeu de « je te tiens par la barbichette », c’est probablement Louis Mapou qui tient la corde. Pour l’immédiat. Mais en politique, 1 + 1, cela ne fait pas toujours 2 …

LE DÉPLACEMENT À PARIS ET LES CONSÉQUENCES DU « OUI » ET DU « NON »
Tous les partis politiques concernés ont répondu favorablement à l’invitation des plus hautes autorités de l’Etat à se rendre à Paris pour approfondir les conséquences du troisième référendum. Sébastien Lecornu a promis : le gouvernement français dira tout. Quelle image les indépendantistes donneraient, à la fois à leurs militants et à « la puissance de tutelle », en affichant ce gouvernement local qu’ils ont décidé, et leur incapacité à élire son président ? En tout cas, peu de crédibilité à prétendre gérer un pays souverain …

LE RENOUVELLEMENT DE LA PRÉSIDENCE DU CONGRÈS
Les négociations politiques traduisant toujours un rapport de force, sur quel levier les deux grands groupes séparatistes pourraient-ils appuyer ?

A l’évidence, le renouvellement du Bureau du Congrès est une échéance importante. Le statut du territoire prévoit que ce renouvellement a lieu obligatoirement lors de la première séance de la session ordinaire dite administrative. Or, celle-ci doit s’ouvrir entre le 1er et le 30 juin. On peut imaginer des reports, au delà de cette date, et une absence de réunion en juin. Mais le Congrès étant présidé par un indépendantiste, cela ferait beaucoup en matière de « bugs » institutionnels.

Une chose est certaine, cependant : si l’Union Calédonienne souhaite obtenir les deux présidences, celle du Congrès et celle du gouvernement, l’Uni-Palika ne la suivra pas dans cette voie. Quant aux loyalistes, malheur à celui qui mettra un indépendantiste sur le trône.

L’Union Calédonienne peut-elle accepter le « déboulonnage » de Rock Wamytan ? Les militants du Sud peuvent-ils admettre de perdre leur seul représentant dans les Institutions ? C’est la réponse probable à ces questions qui place Louis Mapou en favori.

LA PRÉSIDENCE DE LA PROVINCE NORD …
Pourtant, en arrière-plan se profile l’enjeu de la province Nord. Il arrivera bien un jour, et en tout cas après le renouvellement des collectivités en cas de victoire du « non », où il faudra élire le président de la province Nord.

Aujourd’hui, l’Uni-Palika y détient 10 sièges, l’Union Calédonienne, 9, et les loyalistes, 3. La dernière élection à la présidence s’était déroulée à l’unanimité. La situation des relations avec les élus loyalistes est différent de celui du Sud, et ces élus n’y font guère d’opposition. Dans ce contexte arithmétique, bien des hypothèses sont imaginables. Et notamment si les indépendantistes augmentent leur contentieux existant. Vous avez dit « enjeu de pouvoir » ?

LE GOUV SANS PRÉSIDENT, DES PROVINCES QUI FONCTIONNENT

L’actualité institutionnelle calédonienne est frappante. Le même jour, hier, l’information clé est que le gouvernement de Nouvelle-Calédonie n’a toujours pas de président. Et dans le même temps, la province Sud se réunit sereinement et adopte des textes importants, après avoir, au cours d’une séance précédente, voté avec une belle unanimité les dispositions provinciales permettant la reprise de l’usine du Sud.

AIDES AUX SALARIÉS DE L’USINE ET AUX ENTREPRISES VICTIMES DU CONFINEMENT
Ainsi, la province Sud a adopté une série de mesures de solidarité à l’égard des salariés les plus touchés par les quelques mois d’arrêt de l’usine du Sud. Elle a aussi reconduit le dispositif d’aides aux entreprises impactées par l’arrêt ou la baisse d’activité consécutifs au confinement.

Les conseillers ont également décidé une aide aux communes de Nouméa, Dumbéa et Paita lesquelles ont subi des dégâts importants lors du passage de la dépression Lucas.

Enfin, ils ont arrêté la liste des représentants de la province au prochain Cese : Medef, Syndicat des Eleveurs, Syndicat des exportateurs de minerai, U2P NC, Cogetra, Usoenc, UTCFE-CGC, Amicale Antilles-Guyane, Un Coeur Une voix, CTOS, Conseil coutumier wallisien et futunien de Paita, Fédération des Agents Immobiliers, La bande à Nounou, Association de défense et solidarité retraite, Mocamana.

UN GOUVERNEMENT SANS PRÉSIDENT
De l’autre côté de la route des Artifices, le 17e gouvernement échouait dans sa nouvelle tentative de désigner son président.

Fort heureusement, le gouvernement « intérimaire » de Thierry Santa peut gérer la crise sanitaire au titre des affaires urgentes. Fort heureusement, puisque tout le reste est bloqué.

Le Congrès peut cependant adopter les textes nécessaires de sa compétence par des propositions de loi du pays et de délibération. Ce qu’il a fait pour ce qui concerne les indemnisations des personnels touchés par la crise du Covid. Mais tout cela n’est guère rationnel.

LES INSTITUTIONS QUI FONCTIONNENT ?
Il est tout aussi frappant d’observer le fonctionnement institutionnel de la Nouvelle-Calédonie depuis les Accords de Matignon.

Les institutions ont fonctionné sans accroc la première décennie. Les trois provinces ont exercé leurs responsabilités de manière sereine, avec une coordination exécutive assurée par un comité composé des trois présidents de province, du président du Congrès et du Haut-Commissaire.

C’est en 1999 que le « gouvernement collégial » élu à la proportionnelle s’est mis en place, consécutivement aux modifications apportées par la loi organique issue de l’Accord de Nouméa.

Depuis, cette institution nouvelle a connu les aléas que l’on sait dans le fonctionnement institutionnel. Difficultés à nommer un président en 2004 et en 2014, difficultés à rendre cohérentes les actions avec les accusations régulièrement portées sur l’exercice d’une « collégialité » interprétée comme « consensus ». Et finalement, le blocage actuel qui dure depuis 2 mois.

Des provinces qui fonctionnent plutôt sereinement depuis 30 ans, des institutions « territoriales » qui hoquètent ou qui « beuguent » depuis l’Accord de Nouméa, où est l’erreur ?

UN NOUVEAU PRÉSIDENT DU GOUVERNEMENT DEMAIN ?

C’est demain qu’une fois encore, le nouveau gouvernement élu il y a près de deux mois, va se réunir à la convocation du Haut Commissaire avec pour seul ordre du jour l’élection de son président. Certes, ce sera le 1er avril, mais c’était déjà un premier avril qu’après 3 mois de blocage, Philippe Germain fut désigné à la tête de l’Exécutif en 2015. Interrogé sur le plateau de NC1ère dimanche dernier, le président de l’UC ne laissait guère entrevoir une issue au désaccord entre son parti et celui de Paul Néaoutyne. Mais les élus et les militants indépendantistes sont pourtant conscients des dégâts politiques et électoraux que cette situation provoque. Elle s’ajoute aux effets désastreux générés par la crise et les violences liées au conflit sur la reprise de l’usine du Sud. Dans ces conditions, un accord s’est-il noué ou non pour l’élection du jeudi ? Samuel Hnepeune ou Louis Mapou ?

« JUSQU’AU BOUT », MAIS …
Le Président de l’Union Calédonienne avait déclaré que, dans l’affaire de l’élection du président du gouvernement, son parti irait « jusqu’au bout ». Dimanche dernier, il a entamé son entretien avec Nadine Goapana en évoquant la vocation de tout parti politique à exercer le pouvoir. Un sujet que l’UC connaît bien pour avoir disposé d’une majorité presqu’absolue à l’Assemblée territoriale de 1958 à 1970, et dirigé gouvernement et conseil de gouvernement après l’application de la Loi-Cadre Deferre, et avec le conseil de gouvernement présidé par Jean-Marie Tjibaou en 1982.

Mais depuis, tout comme le RPCR de Jacques Lafleur, l’UC a « fait des petits » après la scission provoquée par le départ de Yann Celene Ureguei lors des incidents liés à la naissance des Foulards Rouges en 1968. L’un d’entre eux, créé par des jeunes indépendantistes parmi lesquels Elie Poigoune et Nidoish Naisseline, est aujourd’hui le Palika/Uni. Partenaire incontournable de la revendication d’indépendance, il demande aujourd’hui un partage du pouvoir.

LA PRÉSIDENCE DU CONGRÈS
C’est qu’en effet, même si l’Union Calédonienne a conquis les mairies de Hienghène, de Koné et de Yaté aux dépens du Palika, ce dernier ne manque pas de faire valoir sa place. Témoin : la candidature de Louis Mapou à la présidence du gouvernement.

S’agissant des Institutions calédoniennes, le Palika dirige la province Nord, et l’Union Calédonienne, la province des Iles. En revanche, c’est un membre de l’Union Calédonienne qui siège à la présidence du Congrès. Le Palika peut-il s’accommoder d’une telle hégémonie au sein des institutions territoriales ? L’Union Calédonienne peut-elle justifier ce pouvoir sans partage ?

Et comment, dans ces nouvelles conditions, pourrait se dérouler la toute prochaine élection au perchoir du Congrès, la seule fonction dévolue à un responsable UC du Sud ?

DE QUEL CÔTÉ PENCHE LA BALANCE ?
Pour l’ensemble de ces raisons, la candidature de Samuel Hnepeune n’est pas vraiment en pôle position. Mais en politique, et malgré tous les raisonnements réputés cartésiens, 1+1, cela fait rarement 2 !

Une autre question sera d’actualité. Il s’agit de la Vice-présidence. Bien qu’aucune règle ait été écrite à ce sujet, depuis l’instauration du gouvernement local présidé jusque là par un non-indépendantiste, la Vice-présidence est revenue à un indépendantiste. Une fonction qui, déjà, a suscité des frictions entre l’UC et le Palika …

Mais dans cette sorte de tradition, il serait bienséant que la prochaine Vice-présidence revienne à un élu loyaliste. Ou à une élue.

Finalement, c’est sur l’objectif final que les indépendantistes pourraient trouver le ressort d’un accord. Dans quelques jours, ils devront joindre leurs voix pour demander l’organisation du troisième référendum. C’est bien cette échéance qui demeure capitale, et non la présidence du gouvernement …

Demain sera évidemment un autre jour, et comme dit le dicton, « à chaque jour suffit sa peine ». Le premier président du gouvernement indépendantiste sera-t-il élu, et des rangs du Palika ?

QUE DEVIENT LE NOUVEAU GOUVERNEMENT ?

A l’issue de la démission collective des élus indépendantistes, le gouvernement Santa est tombé. C’était le 17 février. Un mois plus tard, c’est toujours le gouvernement Santa qui gère la nouvelle crise du Covid. Les partis indépendantistes sont-ils en négociation ? Les décisions actuellement prises relèvent-elles des affaires courantes ? Mais si l’Exécutif actuel ne les prenait pas, que se passerait-il pour les Calédoniens ? Autant de questions qui doivent laisser les observateurs extérieurs dubitatifs et une majorité de Calédoniens médusés.

LA COLLÉGIALITÉ CHAQUE JOUR
Le gouvernement est collégial. C’est un constat, pas une règle de fonctionnement. Dans la gouvernance collégiale, les responsabilités sont partagées et l’autorité est distribuée entre plusieurs personnes. Chacune est responsable d’une partie de l’activité générale et elles prennent ensemble les décisions importantes.

Tous les membres sont à égalité de voix et prennent ensemble les décisions à la majorité ou en recherchant le consensus. Le consensus est une recherche, pas une règle de fonctionnement.

Pour exercer sa collégialité, le gouvernement calédonien doit établir une concertation interne, aussi étendue que possible. C’est ce que visiblement fait le gouvernement Santa dans la gestion du Covid. Et c’est, semble-t-il, la pratique qu’il assurait précédemment.

LE CONFLIT DE L’USINE DU SUD RÉSOLU
A l’issue d’une série de réunions entre les parties concernées, et avec la « facilitation » du président du Congrès, une solution  été trouvée pour résoudre le conflit de la reprise de l’usine du Sud.

Cet accord a été établi alors que le nouveau gouvernement n’est toujours pas en place. Les partis politiques ont, en revanche, engagé leur parole pour ce qui concerne la modification du Code minier par le Congrès, pour le mettre en harmonie avec certains termes de l’accord.

POURQUOI UN NOUVEAU GOUVERNEMENT ?
En droit et en politique, les indépendantistes étaient libres de faire chuter le gouvernement Santa. Mais l’examen de la situation actuelle fait que les arguments relatifs à une prétendue absence de collégialité et concernant la résolution du conflit de l’usine du Sud tombent …

Dans ces conditions, seule l’ambition de mettre en œuvre une nouvelle politique est de nature à expliquer la « censure » de fait de l’Exécutif. Les jours qui passent doivent aboutir à dévoiler ce nouveau programme.

Mais en son absence, tout cela se réduit à une manœuvre et à des querelles de personnes. Désolant.

POUR LE NOUVEAU GOUVERNEMENT PROVISOIREMENT DANS L’IMPASSE, QUELLE FEUILLE DE ROUTE ?

Lors de la première réunion du nouveau gouvernement pour élire son président, aucun des trois candidats -Samuel Hnepeune, Louis Mapou, Thierry Santa- n’a recueilli la majorité des suffrages, soit 6, pour accéder au fauteuil convoité. En conséquence, le Haut-Commissaire reconvoquera les 11 membres concernés, probablement en début de semaine prochaine, et en tout cas, dès qu’il possèdera une indication relative à un accord sur l’élection. Il ne s’agira, probablement, que d’un contretemps, mais l’épisode est révélateur de la probable improvisation qui a conduit à la chute du gouvernement Santa.

Les indépendantistes ont annoncé des contacts ce week end entre le Palika-Uni et l’Union Calédonienne et ses partenaires. Il n’est pas impossible qu’un accord émerge, basé sur des considérations plus larges que celles de la simple présidence du gouvernement.

La vraie question concerne, pour les nouveaux dirigeants de l’Exécutif, la cohérence de l’action gouvernementale. L’Union Calédonienne et le Palika son deux mouvements fondés sur une idéologie différente, même si l’accession à la souveraineté de la Nouvelle-Calédonie demeure ce qui les rassemble.

L’UC est un parti davantage pragmatique, comme le montre son histoire. Et sa devise : « deux couleurs, un seul peuple ». Le choix de Samuel Hnepeune comme tête de liste, un choix qui défrise le fondateur de l’USTKE et le parti Travailliste, illustre bien ce positionnement, en dépit de déclarations parfois extrêmes du leader de l’Union Calédonienne.

Le Palika est un parti créé par de jeunes idéologues -à cette époque-, et l’imprégnation des idées marxisantes y est plus prégnante. L’organisation économique de la province Nord au travers de la Sofinor, ou la « doctrine » nickel relèvent de ces théories.

Qu’en sera-t-il, au gouvernement, une fois l’écueil de la présidence réglée ? Probablement une discussion parfois contradictoire permanente, notamment sur les sujets économiques, fiscaux et sociaux. Avec, le cas échéant, des majorités à trouver au Congrès.

Mais une chose est certaine : au delà de ces spéculations, les deux mouvements indépendantistes sauront certainement s’entendre pour entreprendre tout ce qui sera susceptible de leur faire gagner le troisième référendum.

GOUVERNEMENT/PROVINCE NORD : QUELS ÉQUILIBRES POLITIQUES ?

Apparemment, les équilibres politiques du gouvernement et ceux de la province Nord n’ont rien à voir. Sauf qu’au gouvernement comme en province Nord, aucun parti politique n’y possède la majorité absolue.

Certes, en mai 2019, Paul Néaoutyne a été élu par l’ensemble des 22 conseillers de l’Assemblée nord, y compris avec les voix des loyalistes. Mais au décompte, l’Uni compte 10 sièges, l’UC 9, et les anti-indépendantistes, 3.

Rien à voir ?

En cas de vote « sensible » en province Nord, l’UC et les anti-indépendantistes peuvent mettre l’Uni en minorité. Inversement, ce dernier est assuré d’une écrasante majorité avec l’appoint de l’UC.

Rien à voir avec le gouvernement ?

A 3 partout, les deux composantes indépendantistes devront bien essayer de s’en sortir. Bien entendu, les belles âmes proclameront que la politique doit s’exonérer des calculs et des accords en coulisse.

Mercredi après midi, un schéma que personne n’envisageait s’est déroulé pour l’élection du 17e gouvernement calédonien. La seule voix supplémentaire indépendantiste qui s’est portée sur la lise Uni aurait suffi pour déjouer les pronostics, prouvant qu’en politique, si tout n’est pas possible, rien n’est impossible.

Rien à voir ? Peut être. Y compris l’angélisme ?…

PREMIER GOUVERNEMENT INDÉPENDANTISTE : DANS LA SURPRISE DOULOUREUSE ?

Pour la première fois depuis la signature des Accords de Nouméa, les indépendantistes se sont saisis des deux assemblées « interprovinciales » : le gouvernement, hier après midi, après le Congrès, en 2019. L’apport des voix de l’Eveil Océanien dans l’assemblée « territoriale » a permis ce basculement. Mais cette élection a apporté son lot de surprises, d’incertitudes, et s’est opérée dans la surprise et la douleur.

PREMIÈRE SURPRISE : L’UNI À ÉGALITÉ AVEC L’UC/FLNKS/NATIONALISTES/ÉVEIL OCÉANIEN
La seule voix indépendantiste, probablement du Parti Travailliste, aurait suffi pour bouleverser les pronostics qui donnaient la liste conduite par l’UC grand vainqueur. Difficile, dit-on, pour le bras politique de l’USTKE de soutenir l’ex-président du Medef …

En tout cas, voila les deux frères de lutte -Uni et UC-, parfois opposés comme aux municipales, de nouveau face à face. Adophe Digoué, nouvel élu du gouvernement, mais « éjecté » aux élections communales de Yaté par un candidat UC, illustre ces épisodes rugeux.

Louis Mapou a beau évoquer les chemins de la coutume pour trouver une issue à l’élection du président du gouvernement, c’est bien un accord -ou un désaccord- politique de « derrière les fagots » qui viendra dénouer ce schéma un peu rocambolesque.

DEUXIÈME SURPRISE : L’ÉVEIL OCÉANIEN ÉJECTÉ
Second résultat inattendu de l’élection : le parti présenté comme « faiseur de rois » a été éjecté avec une double enseignement. D’une part, cela montre que les va-et-vient politiques entre les grands partis ne doivent pas occulter qu’en politique, 1+1 , cela ne fait pas toujours 2. Et d’autre part, et même si ce camouflet atteint d’abord les dirigeants de l’Eveil Océanien, ses électeurs communautaires de manquent pas de ressentir cruellement ce rejet.

Même présenté sous un aspect sacrificiel et de « don de soi », la douleur est réelle. Alors peut être, des « raccords » pourront être mis en œuvre après l’élection du président de l’Exécutif, -certains évoquent même une démission de la liste élue-, il n’empêche : l’affichage est réel.

Quant à la suite éventuellement « bricolée », l’histoire ne dit pas encore ce que préparent les militants UC du Sud, présents sur le terrain depuis 3 mois, et qui se sentent floués par une élection dont ils sont absents au profit de deux élus des Iles, et un du Nord. Et d’un hypothétique Eveil Océanien …

SAMUEL HNEPEUNE 17e PRÉSIDENT DU GOUVERNEMENT CALÉDONIEN ?

Mercredi à 15 heures, les membres du Congrès vont élire à la proportionnelle le 17e gouvernement calédonien. L’Eveil Océanien apportant ses voix au sein du groupe UC-FLNKS-Nationalistes, les indépendantistes devraient emporter la majorité des sièges dans le nouvel Exécutif avec 6 sièges. Dans ces conditions, qui sera élu président ?

UNE ÉLECTION THÉORIQUEMENT RAPIDE
Immédiatement après la désignation des « ministres », ceux-ci devraient se réunir sur convocation du Haut-Commissaire, et sous la présidence du doyen d’âge. Ils devront alors élire leur président, ainsi que le vice-président.

Le président devrait être issu des rangs du groupe le plus nombreux, c’est à dire de celui de l’UC-FLNKS-Nationalistes-Eveil Océanien. Traditionnellement, le candidat en tête de liste est positionné pour être le candidat.

Quant à la vice-présidence, on peut supposer qu’un accord préalable a été établi lors des négociations qui ont suivi la chute du gouvernement Santa.

Les indépendantistes disposant de la majorité absolue, cette première séquence devrait, en théorie, être rapide.

DÉBATS INTERNES
Cependant, des débats internes existent entre les activistes qui font valoir l’action militante des candidats, ou même la présence de deux candidats des Iles Loyauté éligibles contre un seul de la Grande Terre.

Sous cet éclairage, la désignation de Gilbert Tyuienon serait en conformité avec le principe de représentativité.

Mais dans ce cas, pourquoi alors Samuel Hnepeune aurait-il été positionné en tête de liste, alors que les votes paraissent acquis quelle que soit la composition de liste comprenant un candidat de l’Eveil Océanien ?

C’est peut être ce dernier qui aurait lié sa participation et son vote à une tête de liste et une présidence moins marquées politiquement, et une présidence plus rassembleuse, et économiquement, moins idéologiste. Une participation qui est la clé de la majorité …

SAMUEL HNEPEUNE 17e PRÉSIDENT ?
Dans une élection, les résultats n’arrivent qu’après qu’elle ait eu lieu, et jamais avant ! C’est donc mercredi que le 17e président du gouvernement sera élu. Les certitudes absolues sont que la présidence sera assurée par un des membres de la liste UC-FLNKS-Nationalistes-Eveil Océanien, et ne sera pas occupée par une femme.

Pour le reste, beaucoup d’éléments militent pour que l’ex-président du Medef, et bientôt ex-PDG d’Aircal soit désigné.

Pas de problème, en tout cas, entre Gilbert Tyuienon et lui : après avoir été banquier, Samuel Hnepeune a entamé son parcours politique au Cabinet du premier, été nommé au secrétariat général sur proposition du maire de Canala, pris les commandes d’Aircal avec l’appui du même membre du gouvernement chargé du secteur. Gilbert Tyuienon l’avait même présenté comme candidat à la Direction générale d’Aircalin face à Martine Lagneau.

Mercredi, on saura si cette fulgurante ascension trouve son épilogue à la présidence de l’Exécutif calédonien. Si tel était le cas, peu de doute : apaisement, rassemblement, gestion raisonnable et victoire au 3e référendum seront la feuille de route du frère de Neko Hnepeune, l’ancien Vice-président de l’UC, ancien Président de la province des Iles et ancien maire de Lifou.

4 LISTES POUR LE GOUVERNEMENT CALÉDONIEN

4 listes ont été déposées au Congrès dans les délais légaux :

  • Une liste pour le groupe « Union Nationale pour l’Indépendance » qui est celle des élus du Palika
  • Une liste pour le groupe  » UC-FLNKS et Nationalistes et l’Éveil Océanien »
  • Une liste pour le groupe « Calédonie Ensemble »
  • Une liste pour le groupe « Avenir en Confiance »

Les 4 élus sortants de l’Avenir en Confiance -Thierry Santa, Christopher Gyges, Isabelle Champmoreau, Yoann Lecourieux- sont à nouveau candidats.

Actuellement, 7 regroupements ou partis politiques sont représentés au Congrès : l’Avenir en Confiance (18), l’UC-FLNKS-Nationalistes auquel se sont joints les 3 élus de l’Eveil Océanien (13+3=16), l’Uni (12), Calédonie Ensemble (6), Générations NC (1) et le Parti Travailliste (1).

Deux points sont à noter : le Parti Travailliste a pris position pour le « Oui » lors du second référendum, tandis que Dynamique Autochtone (LKS), a prôné le « Non ».

Il semble que des changements importants aient eu lieu au sein des candidatures indépendantistes, par rapport aux membres de gouvernement démissionnaires.

La seule interprétation de ces chiffres rend aujourd’hui plausible un basculement du Congrès dans le camp de l’indépendance, ce qui pourrait se traduire, au gouvernement, par une présidence indépendantiste.

Cette hypothèse constituerait évidemment un séisme pour la Nouvelle-Calédonie dont la majorité de la population s’est prononcée contre l’indépendance et pour le maintien de l’archipel dans la République lors du second scrutin d’autodétermination.

AUJOURD’HUI ÉTAPE CRUCIALE POUR LE RENOUVELLEMENT DU GOUVERNEMENT

A la suite de la chute du premier gouvernement de la mandature qui s’est ouverte en mai 2019, le seizième en exercice, la procédure de renouvellement va être lancée aujourd’hui avec ses deux premières étapes.

La première est la fixation du nombre de membres du prochain gouvernement. La loi Organique stipule que le nombre maximum est de 11. Jusqu’à présent, c’est généralement ce nombre qui a été choisi, afin de répartir au mieux les tâches d’animation et de contrôle des services qui échoit aux « ministres », mais également pour assurer la meilleure représentation des groupes politiques siégeant au Congrès.

C’est dans ce sens que les élus du Boulevard Vauban devraient trancher ce matin. Le président du Congrès a en effet déposé une proposition de délibération, après avis des membres du Bureau le 5 février dernier, fixant le nombre de membres du gouvernement à onze.

La deuxième est le dépôt des listes de candidats par les groupes constitués. Ces listes donneront déjà une indication précise de la composition du 17e gouvernement calédonien. Deux inconnues subsistent : la reconduction ou non de Philippe Germain pour ce qui concerne Calédonie Ensemble, et la position de l’Eveil Océanien, pour l’heure inscrit dans le groupe UC-FLNKS-Nationalistes.

Plusieurs cas de figure peuvent être envisagés pour ce parti, du maintien de sa position d’équilibriste entre le Congrès et le gouvernement jusqu’à l’absence de candidat, une hypothèse difficilement envisageable. Un choix devra être fait avant la clôture du dépôt des listes.