Dans un nouveau communiqué, le second depuis le début de la semaine, l’Union Calédonienne revient sur la réunion bilatérale de dimanche dernier, à l’issue de laquelle Gérald Darmanin, dans une interview à la télévision, a annoncé que la délégation du FLNKS avait accepté le principe d’une réforme du corps électoral. Il a précisé que la délégation s’était prononcée favorablement sur le principe d’un droit de vote provincial de 10 ans glissants au minimum.
Cette séquence a fait l’objet d’un premier communiqué de l’UC le 6 juin. Sans confirmer l’accord de la bilatérale, le parti indiquait que “rouvrir le débat sur le corps électoral ne préjuge toutefois pas de l’acceptation d’un futur accord global sur l’avenir“.
Dans un nouveau communiqué du 8 juin, l’UC tient à préciser que “aucun accord n’a été conclu sur le dégel du corps électoral citoyen“, estimant qu’il “s’agit d’aborder ce débat dans l’objectif de clarifier et de consolider le corps électoral citoyen“. Au passage, les dirigeants de l’UC ajoutent un coup de griffe au ministre de l’Intérieur et des Outre-mer en l’accusant d’employer “un ton paternaliste, de donneur de leçon lorsqu’il aborde certains problèmes de la Nouvelle-Calédonie, à propos notamment de la situation de notre secteur nickel“.
Ce recadrage semble d’abord concerner les participants du parti à l’ultime réunion bilatérale de dimanche. Que s’y est-il donc passé ? Pour que le ministre se soit prononcé de manière aussi précise, devant tous les Calédoniens au travers de la télévision, en affirmant qu’un accord sur le principe de 10 ans glissants, il n’existe que deux possibilités : ou cet accord de principe a été effectivement donné, -et signé, selon des témoins à la réunion-, ou le ministre est un sacré menteur ! Chacun pourra juger, en mesurant combien un mensonge de cette nature et de cette taille de la part de Gérald Darmanin est quasiment inenvisageable …
Pourquoi donc ce rétropédalage de l’UC ? Il est facile d’imaginer la sidération de ses membres les plus ultras à l’annonce de cet accord de principe, et à une réaction d’incompréhension qui s’est probablement manifestée dans la plupart des sections de base du mouvement. La réthorique “pas de discussion, pas d’accord autre que celui de l’accession de l’indépendance en 2025”, utilisée depuis des mois, ne peut laisser place à un accord, fut-il de principe, et fut-il sur le corps électoral de surcroît.
Si à l’issue de ce second communiqué sur le même sujet, il en fallait un troisième de confirmation, ce serait la preuve que personne n’aurait compris qu’aucune trilatérale n’aura lieu en août, du moins avec l’UC, et d’ailleurs qu’aucune bilatérale avec ce parti ne s’en suivra sur le sujet du corps électoral.
Cette prise de position est-elle de nature à remettre en cause la venue éventuelle du président de la République, pour laquelle le parti indépendantiste écrivait le 6 juin : “(…) le FLNKS envisage d’échanger une nouvelle fois en bilatérale avec le ministre Gérald Darmanin à l’occasion de la prochaine visite du président de la République en Kanaky-Nouvelle Calédonie (…)”. Emmanuel Macron prendra-t-il le risque de venir marcher dans un terrain aussi marécageux ?
Une nouvelle fois, l’Union Calédonienne veut rebattre les cartes. Stratégie gagnante ? Les plus radicaux le pensent certainement. Pour eux, la grande inconnue est à présent la réaction du ministre de l’Intérieur et des Outre-mer. Paternaliste …
