Dans un communiqué diffusé hier, le FLNKS donne son point de vue et commente la teneur des discussions menées par sa délégation avec le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, accompagné du ministre délégué pour les Outre-mer.
Pour le Front, un accord politique global avec l’État doit garantir :
– “L’obtention d’une indépendance négociée en bilatérale avec la puissance administrante
– “La poursuite du processus « irréversible » de décolonisation de la Nouvelle-Calédonie
– “L’obtention d’un « ultime » processus qui met en œuvre une programmation d’accession à l’indépendance“
S’agissant du Bilan de l’Accord de Nouméa et de l’Audit de décolonisation, le Front “prend note”, se déclare “perplexe” sur “certaines conclusions“, et “s’attachera à faire connaître ses critiques aussi bien sur le fonds que sur la forme de ces travaux“. Il estime que le maintien de la Nouvelle-Calédonie dans le titre XIII de la Constitution continue à inscrire “notre pays dans une phase transitoire attachée à un processus de décolonisation“.
Le FLNKS se dit par ailleurs “prêt à aborder un accord politique global où la question de l’exercice ou du transfert de compétences, y compris les compétences régaliennes, pourra naturellement trouver sa place“. Il “prend acte de la volonté de l’Etat de maintenir pour le peuple de Nouvelle-Calédonie son droit à l’autodétermination“.
Concernant le corps électoral, le Front confirme avoir “abordé avec l’Etat le débat sur le corps électoral provincial au travers de trois sujets : les natifs présents sur le corps électoral référendaire mais absents de la liste provinciale, la durée de résidence suffisante à justifier et la citoyenneté calédonienne“. Demandant des simulations pour mesurer l’impact sur les prochaines élections provinciales, il indique que “”les résultats de ces travaux devront ainsi permettre au FLNKS de se positionner sur ce sujet qui, encore une fois, doit se concevoir dans le cadre d’un accord politique global“.
Plusieurs point essentiels méritent d’être relevés, dans ce communiqué. D’abord, le FLNKS interprête les faits et les déclarations, mais ne remet pas en cause ce que Gérald Darmanin a lui même déclaré. Ce faisant, il semble ménager le ministre. Ensuite, il montre le souci de réintégrer toutes les discussions et les conclusions rendues publiques dans une “trajectoire” qui demeure la même : celle de l’accession in fine à l’indépendance. Enfin, concernant le réforme électorale, il ne donne pas quitus à ses représentants qui ont signé un accord de principe sur un corps “glissant” comportant, au minimum, dix ans de présence. Pour autant, il se garde de les désavouer, et de contredire le ministre, très clair sur ce point à la télévision.
Que retenir globalement ?
Le sentiment qui prime est celui de la recherche de la quadrature du cercle, pour mettre en accord, à la fois, toutes les pétitions passées, et les incontestables progrès de la discussion avec Gérald Darmanin. Ainsi, le droit à l’autodétermination n’est pas “maintenu” par l’État, sous-entendu, par la pression des indépendantistes, mais figure tout simplement dans la Constitution française de 1958 modifiée. Ainsi, le Titre XIII de la Constitution dont le FLNKS estime que son maintien inscrit la Nouvelle-Calédonie “dans une phase transitoire attachée à un processus de décolonisation”, porte bien l’intitulé “Dispositions transitoires relatives à la Nouvelle-Calédonie”. Dispositions transitoire, et phase transitoire n’ont pas la même signification …
Il faut également noter une évolution de la sémantique indépendantiste. Il évoque désormais “le peuple de Nouvelle-Calédonie”, et non pas le restrictif “peuple kanak”. Point de reniement, toutefois, puisqu’au sein du “peuple de Nouvelle-Calédonie”, le FLKNS revendique la place de premier occupant au “peuple kanak”.
Au total, ces mises au point étant presque naturelles, puisqu’elles sont destinées en premier lieu aux militants, le communiqué s’inscrit dans une démarche positive ouverte par le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer. D’ailleurs, précise le Front, “le FLNKS envisage d’échanger une nouvelle fois en bilatéral avec le ministre Gérald Darmanin à l’occasion de la prochaine visite du Président de la République en Kanaky-Nouvelle-Calédonie“.
