Pour ceux qui en doutaient, la venue de Gérald Darmanin fait peu à peu “bouger les lignes”. Sa méthode est simple : il fait ce qu’il a dit qu’il ferait, mais d’un autre côté, il affiche de la patience sur les sujets pour lesquels la négociation sera probablement la clé de la réussite.
Face aux exigences démesurée avancées par le président de l’Union Calédonienne, – le maintien du gel du corps électoral, l’ouverture d’une période de transition en septembre en vue de la conclusion d’une accession à la pleine souveraineté en 2025 – , le ministre dit, lui, l’exigence du Droit dans un État de droit, et pour le reste, invite au dialogue en ouvrant des pistes de discussions entre indépendantistes et non-indépendantistes.
Hier matin, lors de la réunion bilatérale avec le FLNKS, il n’a pas dérogé à sa méthode, sans prendre par surprise les représentants du Front. La réforme électorale nécessaire, il l’avait déjà annoncé juste avant la bilatérale avec ses mêmes interlocuteurs lors de son dernier voyage. Hier, il a confirmé les termes de sa lettre envoyée à tous les chefs de groupe au Congrès et la volonté ferme de l’État sur cette question, en avançant la possibilité d’une restriction du corps électoral provincial à 7 ans glissants. Une nouveauté à laquelle s’ajoute celle déjà indiquée au Comité de décolonisation de l’Onu, du droit à l’autodétermination, si cher au FLKNS, et des voies supplémentaires pour l’émancipation du territoire.
Visiblement, le “package” ne laisse pas insensible la délégation indépendantiste qui, cette fois, n’a pas rejeté “le bébé et l’eau du bain avec”. “On a discuté. Il a effectivement fait la proposition de 7 ans, a indiqué Victor Tutugoro, nous avons discuté. On a fait des contre-propositions. On a décidé de se revoir déjà dimanche pour continuer à discuter et continuer ensuite les échanges dans les semaines et les mois à venir parce qu’on a décidé de se revoir à la venue du président de la République fin juillet et d’une autre rencontre en août à Paris. Mais effectivement, nous avons discuté (…)”.
Dans un peu plus de 4 phrases, le porte-parole du FLNKS a prononcé le mot “discuter” 4 fois ! Si ce n’est pas l’ouverture de discussions, c’est que les jumeaux ne naissent pas de la même maman …
La discussion, le ministre la conduit également, bien sûr, avec les non-indépendantistes. Avec des points de désaccord sur le délai de 7 ans, jugé trop long par le député Nicolas Metzdorf, ou encore le transfert de parties de compétences régaliennes, dans le domaine des relations extérieures notamment.
Incontestablement, par rapport au “on écoute mais on ne discute pas, on ne négocie pas” affiché jusqu’à présent par les indépendantistes, et notamment lors de récentes bilatérales à Paris, les choses ont évolué.
La prochaine étape, d’ores et déjà préparée par Gérald Darmanin, serait une trilatérale dans la capitale française ou à Nouméa. Certes, il s’en est déroulé deux déjà au Haut-Commissariat jeudi dernier, mais ce n’était pas une trilatérale, simplement … une réunion à trois !
Pour la prochaine, probablement très politique, évoquée par lui, le ministre a toutefois prévenu :” (…) j’ai dit par ailleurs que si nous n’avançons pas, le gouvernement de la République prendrait ses responsabilités, notamment sur la question du corps électoral“.
