SÉNATORIALES : GEORGES NATUREL JETTE UN PAVÉ DANS LA MARE

Qui l’aurait imaginé ? Georges Naturel s’est forgé une image de maire consensuel et modéré. Témoin, sa gestion -au demeurant remarquable- de la commune de Dumbéa depuis 3 mandats. Avec le maire précédent, honni par le RPCR, Bernard Marant, il établit des relations respectueuses tout en appliquant son programme son faiblesse. Avant sa retraite municipal, Georges Naturel le fera accéder au statut de maire honoraire.

Avec ses oppositions, il applique la même stratégie du roseau. Résultat : le conseil municipal de Dumbéa vote le plus souvent ses délibérations à l’unanimité, dans des débats où les angles aigus sont arrondis par le maire lui-même.

Ancien membre du gouvernement et du Congrès, puis surtout maire, il a toujours fait figure de bon élève de la classe. Son intrusion dans la course au Sénat, alors que les jeux semblaient avoir été faits dans son camp, le Rassemblement/LR, est d’autant plus surprenant.

Pourtant, diront les observateurs attentifs de la vie politique, son intention de briguer un siège au Palais du Luxembourg bruissait depuis de nombreux mois. Il n’aurait pas été étonnant que sa candidature soit annoncée la première, et cela aurait sans doute changé la donne. Mais la situation actuelle le place davantage en challenger de Pierre Frogier, tant il apparaît vraisemblable que la représentation sénatoriale devrait être partagée entre le Rassemblement et Les Loyalistes.

« Je souhaite désormais mettre à profit mon engagement politique et mon expérience d’homme de terrain, de dialogue et de conviction« , et porter « (…) la voix des communes de Nouvelle-Calédonie, de toutes les communes, collectivités de proximité si chères aux Calédoniens mais trop souvent oubliées, ici comme à Paris« , affirme Georges Naturel, soulignant ainsi qu’il est dans l’action, et surtout dans celle de proximité que confère un mandat de maire. Il était d’ailleurs, il y a encore peu, président de l’Association Française des Maires, l’AFM.

Il veut être « la voix d’une Nouvelle-Calédonie ‘une et indivisible’, respectueuse de toutes les cultures et de toutes les convictions ». Personne ne pouvant reprocher à Pierre Frogier de n’avoir pas été « respectueux de toutes les cultures et de toutes les convictions », l’allusion ne peut porter que sur un possible différend sur la thèse de « la différenciation territoriale » prônée par le Sénateur sortant, une « différenciation » que ce dernier s’est toujours gardé de confondre avec « partition ».

Les dirigeants du Rassemblement/LR ont évidemment immédiatement réagi, pour défendre le candidat officiel du parti, qui devrait en outre recueillir rapidement l’onction officiel des LR. « Nous regrettons vivement cette initiative individuelle qui porte des risques de divisions”. Alcide Ponga, président intérimaire, et ses adjoints, ont appelé Georges Naturel « à la sagesse et l’unité ».

Si la candidature « individuelle » se maintient le 24 septembre prochain, date de l’élection au Sénat, risque-t-elle de troubler le jeu au point de conduire à la désignation d’un sénateur indépendantiste ? C’est toute la question dans le camp autonomiste. Chacun fait ses propres calculs et cherche de Grands Électeurs, puisqu’il s’agit d’une élection au suffrage indirect, à laquelle participent essentiellement les élus communaux. Il se dit que la maire de Nouméa n’est pas insensible à l’appel de son prédécesseur à la président de l’AFM. Les chiffres sont sur la table. 578 votants, une majorité à la moitié + un. Personne, en revanche, ne sait si Calédonie Ensemble sera également de la partie pour défendre son sénateur sortant, Gérard Poadja.

Au delà, bien sûr, se profilent les élections provinciales, dont Gérald Darmanin a affirmé qu’elles auront lieu en temps et en heure, c’est à dire en mai l’année prochaine. Personne n’en parle, mais tout le monde y pense.

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