Le torchon brûle à nouveau entre le Sénat Coutumier, au travers de son “instance autochtone de discussion” fondée le 31 mars dernier, et le “Conseil des Grands Chefs” mis en place et septembre 2022, et dont les représentants ont été récemment reçus à Paris par le ministre de l’Intérieur des des Outre-mer. Dans un communiqué, l’instance fustige “ceux qui cherchent à s’imposer comme les portes-parole et les défenseurs des coutumiers”.
Le Conseil des Grands Chefs, dénommé Inaatr ne Kanaky, tient une assemblée générale durant le prochain week end à Bourail, à la tribu d’Azareu, A son encontre, la branche du Sénat coutumier n’y va pas avec le dos de la cuillère. Ses représentants critiquent violemment les membres de Inaatr ne Kanaky, et notamment Grand Chef de la Roche et celui de Hienghène, les accusant de vouloir “dominer et imposer leur vision personnelle”, d’introduire “un trouble profond et un désordre dans le monde kanak”.
Le comble est atteint dans l’affirmation qu’en dehors du Sénat Coutumier et de son “instance autochtone de négociation”, “personne n’est habilité à parler au nom des coutumiers et des institutions coutumières“. Les questions qui se posent alors sont celles de la légitimité coutumière. De ce point de vue, le Sénat coutumier n’est probablement pas le mieux placé pour la revendiquer.
C’est qu’en effet, il a été instauré, non pas par des règles coutumières, mais par le Parlement de la République -donc du réputé “colonisateur” selon le FLNKS- au travers de la loi organique de 1999. Pour leur part, les chefs coutumiers sont eux, et par essence, directement issus de la coutume. Si tel n’est pas le cas, les évolutions dans une coutume dont la hiérarchie est de moins en moins compréhensible, vont conduire les Kanak à dénoncer eux-mêmes d’éventuelles imposture coutumières !
La leçon de ces péripéties est que les responsables, de l’État et des partis politiques locaux, devront réfléchir à plus de deux fois avant de vouloir tenter d’instaurer, dans notre fonctionnement institutionnel, des procédures d’échanges et de consultation entre le pouvoir politique et administratif, et les réelles instances coutumières.
