POLYNÉSIE : BROTHERSON, NOUVEAU PRÉSIDENT INDÉPENDANTISTE DU PAYS

C’est presque sans surprise, mais non sans émotion, que Moetaï, indépendantiste du Tavini, a recueilli les suffrages majoritaires de l’Assemblée Territoriale de Polynésie qui l’ont porté à la tête du pays. Il ouvre ainsi une page nouvelle, mais certainement très complexe, de l’histoire de ce territoire lequel, tout comme la Nouvelle-Calédonie, ne peut se passer de la participation financière de la France dans la gestion et le développement de l’archipel.

Les déclarations qui ont précédé son élection, tout comme celle prononcée lors de son intronisation, tranchent d’ailleurs singulièrement avec les prises de positions publiques du FLNKS en Nouvelle-Calédonie.

Moetaï Brotherson et le Tavini, le pouvoir conquis, veulent à l’évidence séduire les Polynésiens plutôt que les cliver. Au plan international, il tient à clarifier les choses : il n’a « jamais été notre intention » de livrer la Polynésie à la Chine, ajoutant que “en revanche nous refusons de ne pouvoir discuter avec tout le monde : il nous faut pouvoir discuter avec tout le monde en bonne intelligence et avec la prudence qui s’impose”. Vis-à-vis de l’État, il prône un travail « en bonne intelligence« . Daniel Goa, lui, déclarait en avril dernier « La France ne nous reconnait pas, nous ne la reconnaitrons pas, ce qui nous obligera forcément à nous tourner vers de puissants soutiens extérieurs qui nous font déjà des appels du pieds, le peuple Kanak n’est plus seul« . Il existe quelques nuances entre les deux discours …

Mais surtout, c’est sur les modalités et le calendrier d’une éventuelle indépendance qu’entre le Tavini et le FLNKS, les stratégies divergent. Devant la première assemblée de Polynésie, le nouveau président du pays affirme que l’indépendance ne sera imposée à personne, et qu’elle résultera du choix des Polynésiens. Le FLNKS a choisi une toute autre méthode : l’accession à l’indépendance dans un accord bilatéral avec l’État, sans consultation d’une population non-indépendantiste qui représente un peu plus de la moitié de la population !

Mais il est vrai que, réaliste, Brotherson n’ignore pas que la population qui l’a porté au pouvoir est d’abord soucieuse d’emploi, de logement, d’éducation, de solidarité envers les plus démunis. Le Haut-Commissaire le pressent aussi. Avec le gouvernement indépendantiste, « on va traiter les problèmes quotidiens des Polynésiens, comme l’emploi, le logement, la cherté de la vie et on a les contrats de développement et de transition à renégocier. On a un certain nombre de conventions comme celle de la transition écologique », déclare-t-il. Il sait que l’indépendance ne résoudra pas ces problèmes, et il sait aussi que Moetaï Brotherson le sait aussi …

Alors en attendant une indépendance que les Polynésiens choisiront ou pas, et dont il n’est guère question pour l’instant, l’homme fort du Tavini annonce s’atteler aux problèmes du quotidien de ses concitoyens en s’entourant de 10 ministres qu’il promet « jeunes et compétents ». Bien loin de la souveraineté pleine et entière revendiquée par le FLNKS pour 2025.

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