Moetaï Brotherson, qui sera probablement élu président de la Polynésie et chef du gouvernement polynésien, a livré quelques réflexions et quelques noms de futurs ministres à Tahiti Infos.
Il envoie d’abord un message à destination des « tavanas », c’est à dire des maires dont un certain nombre figuraient sur la liste de ses adversaires du Tapura d’Edouard Fritch. « J’ai un message à envoyer à l’ensemble des tāvana, c’est celui de l’apaisement. Demain, on ne va pas leur demander d’être Tavini. Ce n’est pas ce qu’on leur demande. S’ils veulent rester Tapura, ils y restent. S’ils veulent aller chez Heiura-Les Verts ou A Here ia Porinetia, il faut qu’ils le fassent avec conviction et leurs convictions doivent être respectées. On va travailler en bonne intelligence avec les tāvana quelle que soit leur couleur. »
UN DIPLÔMÉ DES PONTS ET CHAUSSÉES MINISTRE DES GRANDS TRAVAUX ET DE L’ÉQUIPEMENT
A l’évidence, le nouveau président veut assurer la crédibilité de son gouvernement. Son choix semble se porter sur des ministres dont la compétence se conjugue avec leur engagement politique. A l’équipement et aux Grands Travaux, par exemple, il annonce Jordy Chan, diplômé des Ponts et Chaussées, ancien de la Banque Mondiale et de Natixis. Également, un agrégé professeur des écoles, Rony Teriipaia, à l’éducation. Ou encore Vannina Crolas, juriste et ancienne secrétaire générale de la mairie de Faa’a à la Fonction Publique.
ON N’EST PLUS EN 2004, ON A CHANGÉ D’ÉPOQUE
Accession rapide à l’indépendance, revendication de la souveraineté pleine et entière ? Ce n’est pas la priorité affiché. « On n’est plus en 2004 » déclare Brotherson.
« Il y a une première priorité, qui n’est pas forcément visible de tous, c’est celle du maintien de la confiance avec l’Etat ou avec le tissu économique. J’ai une série de rencontres qui commencent aujourd’hui puisque c’est le 1er mai avec les syndicats. Je rencontre le Medef et le président du Medef France vendredi. Il y a ces discussions à avoir pour leur expliquer quand n’est pas dans une posture de rupture. On est dans une posture de continuité, que ce soit dans la commande publique et sur ce qu’ils attendent. Contrairement à d’autres, le livre blanc du Medef je le connais quasiment par cœur. Ce dialogue est important, aussi bien du côté des syndicats des travailleurs que du patronat« , indique-t-il à Tahiti Infos.
Quant aux relations avec l’État, « Je me réjouis d’avoir vu les deux communiqués de Gérald Darmanin et de François Carenco, qui nous félicitent de cette victoire et qui s’inscrivent dans la continuité en disant que l’Etat est prêt à discuter. On n’est plus en 2004, on a changé d’époque. Et il faut préparer cette continuité. Je rencontre bientôt le haut-commissaire pour préparer ce dossier, les renouvellements des conventions qui arrivent à leur terme d’ici la fin de l’année. Tout cela doit se faire en bonne intelligence. »
Maintenir la confiance, relations en bonne intelligence avec l’État, poursuite des investissements privés, un discours qui tranche avec la radicalité des indépendantistes en Nouvelle-Calédonie.
