DANIEL GOA POSE, LUI AUSSI, LE SUJET DU « PEUPLE CALÉDONIEN » ET DONC DE « L’IDENTITÉ CALÉDONIENNE ».

Les termes ne sont pas nouveaux. Le « Peuple  calédonien » a été évoqué par plusieurs partis politiques locaux, et même lors d’une déclaration d’Edouard Philippe, alors Premier ministre. Celui de « Peuple kanak » est, quant à lui, est inscrit dans le préambule de l’Accord de Nouméa, lui-même constitutionnalisé. 

Lors de sa déclaration diversement commentée à l’ouverture du comité directeur de l’Union Calédonienne, Daniel Goa évoque à plusieurs reprises le « peuple calédonien ». Il ne le définit pas, et lui donne, au fil de son discours, des sens qui peuvent apparaître contradictoires. Une certitude : il cite le « peuple kanak, peuple de cette terre », et « le peuple calédonien issu de l’Accord de Nouméa, socle de notre citoyenneté ». On pourrait ainsi comprendre que, dans son esprit, le « peuple calédonien » est composé de celles et ceux ayant acquis la qualité de « citoyen de la Nouvelle-Calédonie » au terme de l’Accord de Nouméa.

D’un autre côté, il déclare : « C’est le peuple qui doit décider de son devenir car cette question reste fondamentale pour notre avenir, celui de nos enfants et de nos populations accueillies, victimes de l’histoire ». Il s’agit, cette fois, de la référence à la déclaration issue de la table ronde de Nainvilles-les-Roches en 1983, qui évoque les « victimes de l’histoire », qualification alors réfutée par le RPCR. 

C’est deux indications posent cependant question. S’agissant de la citoyenneté, à défaut de redéfinition et d’ouverture à son accès, le « peuple calédonien » ne peut alors accueillir de nouveaux membres et se contraindrait de son propre chef. Quant aux victimes de l’histoire, leur périmètre est également restreint puisque les références font appel à une notion de naissance sur le sol calédonien.

Les partis politiques locaux non-indépendantistes prônent une définition plus large du « peuple calédonien », sans que celle-ci soit explicitée. Mais ils intègrent dans ce « peuple », au-delà des « Calédoniens de souche », celles et ceux qui ont fait le choix de s’installer durablement -c’est-à-dire définitivement- sur le territoire.

De fait, c’est bien la définition identitaire qui manque à ces notions. Dans « Kanaky-Nouvelle Calédonie », le nom que les indépendantistes confèrent au territoire dans leur projet d’indépendance, il existe bien les deux notions : Kanaky, pour l’identité kanak, et Nouvelle-Calédonie pour l’identité calédonienne. Et il va de soi que l’identité d’un groupe social résultant de ses caractéristiques culturelles -arts et lettres, mode de vie, langue, traditions et croyances, système de valeurs-, l’identité kanak ne peut se fondre avec l’identité calédonienne. En revanche, le peuple « de Nouvelle-Calédonie » pourrait rassembler les deux identités.

Pour l’heure, le sujet n’a jamais été abordé au fond. Seul Gaby Briault, dans son dernier livre « Naissance et fondements de l’identité calédonienne », argumente et théorise l’existence d’une identité calédonienne propre aux habitants ne relevant pas de la culture kanak, et inscrits dans une culture régionale française qui leur est propre, la culture « calédonienne ».

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