PAUVRETÉ : ATTENTION DANS L’UTILISATION DES CHIFFRES, LEUR SIGNIFICATION, LEUR POSSIBLE MANIPULATION

L’Itsee est un établissement public précieux et respectable. Les études qu’il délivre sont en général de bonne qualité. Mais dans certains cas, l’Institut doit davantage vulgariser et expliquer le contenu et les conclusions de ses études, sous peine de voir ses chiffres interprétés de manière quasiment abusive. Et à la limite, sujets à des manipulations.

Il n’est qu’à constater les innombrables commentaires, et les interprétations diverses provoqués par la publication de « Pauvreté et inégalités en Nouvelle-Calédonie ».

Un pauvre est un pauvre. On songe à l’Abbé Pierre.  Ni logis, ni de quoi se nourrir, et encore moins de se déplacer. Que dire d’un pays où un individu sur 5 est pauvre !

Oui mais voilà, il ne s’agit pas de n’importe quelle pauvreté. L’Itsee s’attache à donner des chiffres sur la pauvreté monétaire, pas sur la pauvreté tout court. Or pour la Banque Mondiale, être pauvre, c’est avoir faim. Bigre. Alors 1 Calédonien sur 5 souffre d’insuffisance alimentaire. A moins qu’il faille distinguer la pauvreté intégrée, la pauvreté marginale, ou la pauvreté disqualifiante. Mais non, ici, ce n’est pas de ces pauvretés dont il est question. La pauvreté monétaire se calcule par rapport au niveau de vie médian qui indique le revenu disponible. Encore qu’il s’agit des revenus déclarés, qui ne tiennent donc pas compte des revenus non déclarés. Ceux, par exemple, qui devraient faire l’objet et d’une déclaration, et d’un prélèvement fiscal.

Alors on arrive ainsi à la situation des Iles Loyauté. Les Loyaltiens sont pauvres. C’est donc que la fameuse clé de répartition est injuste, qu’elle favorise encore les riches du Sud, laissant sur le carreau les habitants des Iles. Mais non, un correctif s’impose : il s’agit, non pas de la pauvreté, mais de la pauvreté monétaire. Sur 25 ressortissants des Iles Loyauté, 15 vivent et travaillent sur la Grande Terre. Ne reste donc, schématiquement, qu’une population majoritairement sans emploi, ou du moins, sans revenus déclarés. 

La qualification de « pauvre », même « monétaire », mérite donc davantage de précautions. Surtout lorsqu’une population comme celle de Nouvelle-Calédonie possède des modes de vie bien différents, que l’on soit à la ville, au village ou à la tribu. Cette pauvreté relative mériterait d’ailleurs quelques comparaisons, dans la région, avec aussi bien l’Australie et la Nouvelle-Zélande, qu’avec la Papouasie, le Vanuatu et les pays insulaires. Afin que nos esprit ne demeurent pas dans une certaine pauvreté.

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