A l’ouverture des rencontres bilatérales qui viennent de se dérouler à Paris, le FLNKS reçu par la Première ministre Elisabeth Borne a fait connaître, par la voix de Roch Wamytan, sa position sur l’avenir de la Nouvelle-Calédonie, « Kanaky-Nouvelle Calédonie » dans la sémantique indépendantiste.
Cette longue intervention d’une douzaine de pages, argumentées, place délibérément le FLNKS comme seul interlocuteur de l’État, face à la problématique d’avenir de la Nouvelle-Calédonie. S’agissant des autres habitants de la Nouvelle-Calédonie, « il convient d’ouvrir une nouvelle étape marquée par la pleine reconnaissance de l’identité Kanak, préalable à la refondation d’un contrat social entre toutes les communautés qui vivent en Nouvelle Calédonie et par un partage de souveraineté avec la France avant de tendre vers une souveraineté pleine et entière du pays en devenir« .
Dans la « destinée logique » de ce que le FLNKS définit comme sa « trajectoire » d’avenir, les indépendantistes ont posé à la Première ministre leur vision des étapes à venir, dans le processus institutionnel local et national :
« Considérant notre processus d’émancipation. le FLNKS estime que nous sommes prêts à assumer les attributs de notre souveraineté. Dans une démarche de co-construction, nous proposons que soit étudiée l’adoption d’un traité politique permettant de sceller un socle politique pour cette phase ultime d’évolution statutaire.
Cet accord politique acté nous garantira :
- L’obtention d’une indépendance négociée en bilatérale avec la puissance administrante,
- La poursuite du processus irréversible de décolonisation de la Nouvelle Calédonie.
- L’obtention d’un ultime processus qui met en œuvre une programmation d’accession à la pleine souveraineté et à l’indépendance.
- Une constitutionnalisation de l’accord politique et du statut d’accession à l’indépendance qui intègre la phase de transition. L’acte de souveraineté et la proclamation de la naissance du nouvel État. »
Cette position confirme à ce stade celle du président de l’Union Calédonienne, marquant un retour à la revendication antérieure aux Accords de Matignon. Elle exclut notamment la consultation des « populations intéressées », comme le prévoient la Constitution mais également l’Onu, par une indépendance « négociée en bilatérale ».
La pétition est formulée sans agressivité à l’égard de la France, malgré tout de même un long rappel des « ombres » de la colonisation. « Il nous semble qu’il est grand temps pour l’autorité de tutelle d’avoir ce regard vers l’autre qui mène à la compréhension mutuelle, base de la confiance à créer et promouvoir pour avancer ensemble avec la capacité et la volonté d’un partage du « modus operandi » au cours des discussions et négociations à venir concernant la reconnaissance d’autres formes d’autorité« , déclare le FLNKS.
Cette position pourra-t-elle évoluer ? Dans la « trajectoire » possible, toute indépendance accordée unilatéralement pour l’ancien colonisateur est exclue par la Constitution de la République, et même, à la fois par la Charte de l’Onu et la Déclaration des droits de l’homme adoptée en 1948 par les Nations Unies. Le sujet de l’autodétermination, avec en arrière-plan celui du corps électoral pour les provinciales et pour l’exercice du droit à l’autodétermination sera probablement au coeur politique des discussions qui seront poursuivies par Gérald Darmanin lors de son séjour prochain en Calédonie.
CI-DESSOUS, L’INTÉGRALITÉ DE LA LETTRE DU FLNLS LUE EN OUVERTURE DE LA BILATÉRALE
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