La méthode choisie par l’Institut des Statistiques et des Etudes Économiques est celle de définir le seuil de pauvreté en Nouvelle Calédonie par le revenu monétaire. Elle comprend les revenus du travail, mais « en revanche, les revenus monétaires de l’agriculture, de la pêche, de l’artisanat, du tourisme, non déclarés, ne sont pas pris en compte« . De même, les dons et les échanges monétaires ou vivriers, au titre de la solidarité familiale ou communautaire ne sont pas valorisés. L’aide médicale n’est pas valorisée au titre des transferts sociaux.
Sur ces bases, et compte tenu d’un revenu médian de 175. 900 F en Nouvelle-Calédonie, 1 Calédonien sur 5 vit avec un revenu monétaire sous le seuil de pauvreté fixé par convention.
Dans le détail, la mesure de la pauvreté monétaire est relative à un seuil qui, par convention en Nouvelle-Calédonie, s’établit à la moitié de la médiane du niveau de vie. En 2020, la moitié des Calédoniens ont un niveau de vie mensuel inférieur ou égal à 175 900 F.CFP. Le seuil de pauvreté s’élève donc à 87 950 F.CFP.
Géographiquement, 45 % des personnes résidant en province Sud, 62 % de celles résidant en province Nord et 77 % de celles de la province des Iles Loyauté ont un niveau de vie inférieur à 175 900 F.CFP. S’agissant des Iles Loyauté, la situation est particulière. En effet, « au recensement de 2019, il y avait 15 ressortissants des îles domiciliés sur la Grande Terre, pour 10 encore domiciliés en province des Iles« . Les revenus monétaires déclarés sont donc plus importants pour ceux venus chercher du travail en province Sud notamment. Cependant, aux Iles, les revenus provenant de ventes de produits sur les marchés ou les ventes ponctuelle ne sont pas prises en compte et « compensent probablement au moins en partie ce faible niveau de ressources monétaires« .
Selon cette étude, « les revenus du travail sont la principale composante des niveaux de vie des habitants (78 %). Les aides sociales et le chômage représentent en moyenne 6 % des niveaux de vie. Cette proportion est beaucoup plus importante pour les personnes qui vivent en dessous du seuil de pauvreté (près de 40 %) ou dans le halo. La redistribution joue donc son rôle d’aide aux personnes les plus en difficulté ».
Il est donc important de relever que l’emploi et le travail sont le meilleur antidote contre la pauvreté. Une corrélation pourrait être ainsi établie sur l’efficacité des financements publics répartis par province au titre du rééquilibrage, aussi bien pour les finances locales, et pour les transferts de l’État. Une donnée que le groupe ad hoc de travail sur l’avenir de la Nouvelle Calédonie ne manquera certainement pas d’étudier et d’interpréter.
Il est intéressant de comparer ces mesures relatives à celles du Vanuatu par exemple. Le salaire moyen, à Port Vila, est de 73.000 FCFP en 2023. Le prix de location moyen d’un appartement en centre ville est de 223.000 FCFP. Une Golf VW coûte en 2023 deux millions FCFP environ. En matière de revenus monétaires dans les iles autres que celle de Santo, la situation est évidemment beaucoup plus contrastée.

En métropole, l’Insee estimait en 2019 que 9,2 millions de personnes vivant sous le seuil de pauvreté monétaire, auxquelles il faut ajouter environ 1,6 million de pauvres qui échappent aux statistiques. L’institut estime donc qu’une personne est pauvre si ses revenus sont inférieurs à 1 102€ par mois, soit 132.000 FCFP. Ces statistiques concernent uniquement la France métropolitaine, alors que le taux de pauvreté monétaire des Départements d’Outre-Mer est deux à cinq fois plus élevé qu’en métropole.
