Pierre Frogier, sénateur sortant, et membre de la Chambre Haute depuis 2011 après avoir été député pendant 15 ans, est de nouveau candidat à sa succession. En période « normale » de notre vie politique et institutionnelle, cela aurait probablement été la candidature de trop. Mais dans la séquence que connaît le territoire, et qui se jouera largement à Paris, au sein du Parlement, la présence de l’ex-président du Rassemblement/LR sera incontestablement un atout pour la Nouvelle Calédonie.
L’avenir de la Nouvelle-Calédonie a d’abord été entre les mains des Calédoniens qui avaient à choisir, par trois fois, leur destin dans ou hors la République. Ils ont décidé. À présent, que l’on se s’y trompe pas. La partie se joue à Paris, par l’action du président de la République et par celle du gouvernement. Mais qui, en définitive, aura le dernier mot ? Le Parlement. Pourquoi ?
S’agissant d’abord de la modification constitutionnelle pour le rétablissement d’un régime électoral conforme à la Constitution, au droit européen et international, il faudra passer par la réunion de deux Chambres en Congrès à Versailles. Et la décision ne pourra être emportée que par 445 voix sur 741 au minimum, c’est à dire à la majorité des deux tiers. Comment se passer des Républicains, et en particulier, de l’autorité de ses leaders au Sénat ?
Quant à la loi organique qui devra suivre pour modifier le statut de la Nouvelle-Calédonie, elle sera, elle, soumise au vote du Parlement. Incontestablement, dans l’ensemble de ce processus, la position du Sénat, majoritairement contrôlé par Les Républicains, sera essentielle.
Or, depuis bien des années, Pierre Frogier a tissé un réseau de relations extrêmement dense au sein de sa formation, mais même au delà, avec des parlementaires qu’il connaît de longue date.
Au sein des LR du Sénat, il est proche de Bruno Retailleau, le patron du groupe. Avec le président du Sénat, le très important Gérard Larcher que Pierre Frogier appelle familièrement « Gégé », il entretient des liens privilégiés de confiance qui confinent à l’affection. Pour résumer, au sein du Sénat, et sans offenser son collègue du territoire, Pierre Frogier est considéré comme la voix sage de la Nouvelle-Calédonie.
Reste évidemment ses relations avec Nicolas Sarkozy. Elle sont empreintes de respect mutuel et de proximité. Pierre Frogier, depuis longtemps, soigne ses relations régulières avec l’ancien président de la République. Qui a lui-même, comme chacun sait, l’oreille d’Emmanuel Macron.
Localement, le sénateur connaît tous les rouages institutionnels, à la fois pour avoir été parmi leurs artisans, mais également pour en avoir occupé toutes les fonctions. Celle de maire, de président du Congrès, de président de province et de président du gouvernement !
Certes, quelques grincheux pourraient argumenter sur le renouvellement de la classe politique. En cette circonstance, comme en bien d’autres, un élu âgé d’expérience est plus utile qu’un novice qui a encore tout à apprendre. Dans les débats et les rapports de force qui vont décider de la Calédonie de demain, la présence de Pierre Frogier sera d’une utilité aussi bienvenue que nécessaire.