RISQUE REQUIN : IL EST TEMPS DE PASSER À UNE STRATÉGIE GLOBALE

Le risque requin a soudainement pris la dimension d’un phénomène de société. Dotée du plus grand lagon du monde, la Nouvelle Calédonie était le paradis des plongeurs sous-marins et des sports nautiques. Avec les attaques successives de requins, une psychose justifiée s’est répandue. Dans les esprits, « les dents de la mer » sont devenues réalité, y compris à quelques mètres des plages. Les Calédoniens adaptent leur comportement. Avec une évidente appréhension. Dans ces conditions, le retour à une certaine maîtrise du risque, et donc à un sentiment de sécurité, au moins aux abords des plages, est devenu un nouvel objectif.

La multiplicité des compétences apparaît aujourd’hui comme un frein à la décision et à l’efficacité des mesures. La mairie est responsable jusqu’à 300 mètres du bord de plage, puis la province le devient, tandis que certaines dispositions relèvent de l’État. La nécessité de coordonner tout un écosystème se fait pressante. Certes, l’inévitable « comité de pilotage » a été mis en place. On en a mesuré l’efficacité. A présent, pas d’autre alternative que de passer à une stratégie globale, à l’image de la Réunion.

EN 8 ANS, LA RÉUNION A BÂTI SA STRATÉGIE
Dans le département, en 2012, une cellule opérationnelle de réduction du risque requin y est instaurée. Animée par la sous-préfecture de Saint-Paul, elle regroupe l’ensemble des acteurs déployant des « actions de terrain » face au risque requin. Le 1er septembre 2014, une mission de préfiguration coordonnée par l’État instruit le projet de création d’un Centre de Ressources et d’Appui pour traiter le risque requin en lançant une concertation approfondie entre les acteurs publics concernés. Cette concertation est progressivement élargie à l’ensemble des acteurs représentés par les structures professionnelles, les ligues et comités sportifs et le tissu associatif.
En 2016, le Centre de Ressources et d’Appui est créé sous la forme d’une association relevant de la loi de 1901. Il devient le GIP « Centre Sécurité Requin » en 2020.

UNE ACTION COHÉRENTE ET GLOBALE EN 5 VOLETS
L’intérêt de la démarche est évidemment l’action cohérente de tous les acteurs, et la synergie produite. Le CSR s’occupe en quelque sorte de tout, en 5 grands volets :

  • Un appui technique et opérationnel comprenant par exemple une assistance technique pour la conception, l’exécution et le suivi des marchés d’installation de filets de protection, la coordination des initiatives de surveillance et de prévention mises en œuvre par les comités sportifs et le tissu associatif, la coordination opérationnelle et le suivi en continu du programme réunionnais de pêche de prévention ou encore les innovations en matière de risque requin,
  • Une permanence opérationnelle 24h sur 24 incluant les conseils en cas d’attaque, le déclenchement et la coordination opérationnelle du dispositif post-attaque et l’analyse des circonstances des attaques,
  • La communication et la prévention avec notamment des actions dans le domaine éducatif (interventions en milieu scolaire et organisation d’un pôle permanent d’accueil ouvert au public), ainsi que la communication dédiée : supports à destination du public, communication internet, 
  • L’appui juridique et administratif : analyse technique et juridique, orientation financière des maîtres d’ouvrage et porteurs de projets, appui et conseil réglementaire
  • La mise à disposition des ressources scientifiques et documentaires concernant les initiatives et les programmes scientifiques liés aux requins, l’élaboration et le suivi d’une base de données sur les attaques, et la centralisation des données relatives aux initiatives de réduction du risque requin engagées à La Réunion et aux expériences conduites à l’échelle régionale et internationale

RÉSULTAT : PAS D’ATTAQUE DE REQUIN DEPUIS 5 ANS
L’expérience puisée auprès de partenaires comme l’Afrique du Sud et l’Australie, les recherches propres menées sur l’ile ont conduit à mettre en place un dispositif complet comprenant de nombreuses innovations. Installation de filets, surveillance par drones et ballons à hélium, observation sous-marine des requins côtiers par caméras avec un équipement de tige olfactive odorante permettant d’étudier les prédateurs devant ces caméras, pêche préventive intensive, appareils de répulsion magnétique ont permis progressivement de mieux maîtriser le risque requin.
Le dernier accident mortel enregistré est celui d’un jeune surfeur sur la côte ouest de l’île, attaqué par un requin bouledogue de plus de deux mètres. C’était en mai 2019.

Cliquer pour lire l’actualité du jour