Ohé Matelots,
Par le Grand Cagou masqué des forêts touffues de la Chaîne, le mystère plane toujours sur le sort réservé au Col de la Pirogue. En attendant, les queues de voitures s’allongent régulièrement chaque fois qu’un poids lourd ou un camion citerne gravit les lacets à la vitesse d’un escargot baveux. Matelots, dans les bagnoles qui suivent, vaut mieux être sourd qu’entendre les noms d’oiseaux proférés par les conducteurs énervés.
N’empêche. Le mystère demeure depuis maintenant plusieurs mois. La double voie à la montée a été scrupuleusement neutralisée. Histoire d’augmenter l’épaisseur des interrogations qui pèsent sur les intentions pour l’instant cachées des auteurs de cette bouleversante initiative.
Mais une i-pothèse est en train de se faire jour, dans le dédale des supputations innombrables suscitées par l’étrange situation qui affecte tant de véhicules freinés dans leur ex-fulgurante ascension. La suppression d’une voie à la montée ne serait-elle pas une façon ingénieuse d’habituer les totomobilisses à l’idée encore plus géniale pour augmenter à la fois la sécurité routière et les frais d’entretien de la chaussée ? Pour ne rien vous K-cher, un certain nombre d’investigateurs penchent pour la solution ultime, l’alpha et l’oméga excluant tout risque de choc frontal entre deux véhicules antagonistes : l’instauration d’une route à horaire. Calisse de Ouélis ! Ce serait trop fort, plus fort encore que le faux citronnier du bord de mer qui guérit des piqures de fourmis électriques.
Matelots, je vous laisse aux réflexions vertigineuses qu’une telle idée va faire naître entre vos milliards de neurones menacés de court-circuit par l’étendue de la tâche. Quant à moi, je n’aurais qu’un mot : elle est pas belle, la vie ?
L’Amiral


