LES NOUVELLES « PAPIER » DISPARAISSENT. NOSTALGIE.

Ce fut pour moi une belle aventure. Après une période de 3 années passées en fonction à Paris, au ministère de l’Outre Mer, et grâce à mon ami Edouard Ventrillon, alors directeur du journal, j’avais renforcé l’équipe des … trois journalistes qui produisaient la rédaction. Une équipe complétée par le rédacteur sportif et l’inimitable plume de « Boss », copropriétaire du quotidien et rédacteur du « billet de l’Affreux Jojo ». Sans oublier, bien sûr, les trois photographes virevoltant sur tout ce que l’actualité pouvait offrir en images.

Dans une pièce, Jacques d’André, Henri Lepot, Jean-Noël Féraud et ma pomme. Avec pour outil chacun, une machine à écrire reporter. C’était l’antiquité … 

Assisté de Roland Chartier, journaliste expérimenté, et d’Hubert Noilhan, -mon ancien surveillant général au Lycée !- à la correction et parfois à la rédaction, Edouard menait l’équipe d’une main de fer et pourtant amicale. Malheur à celui, coupable d’un « ratage », qui avait été doublé par la France Australe, le prestigieux concurrent de l’époque. Mais cela n’empêchait pas de boire des coups ensemble, et de partager la dernière blague du moment.

Dans ces temps immémoriaux, pas d’informatique, et pas d’internet. Le téléphone servait à prendre des rendez-vous, mais chacun devait compter sur son réseau et son carnet d’adresse pour rencontrer des interlocuteurs en face à face, et produire chaque jour tous les articles annoncés en conférence de rédaction …

Cette mobilisation permanente devait porter ses fruits en 1979, date funeste pour la France Australe, « l’autre » quotidien, dont le propriétaire décida de solder les pertes et le journal avec. Nous avons tout de même, alors, sablé le champagne, au grand dam de notre confraternité, et si elle avait existé, de l’Autorité calédonienne de la Concurrence.

Depuis, j’ai pris d’autres routes. Les Nouvelles me permettaient de toucher du doigt, au sens propre, tout ce qui faisait les bonheurs, les tristesses, les interrogations de notre territoire et d’ailleurs.

Depuis, aussi, les technologies de l’information ont révolutionné les médias. Depuis, les radios ont fait florès, d’autres chaînes de télévision -et même un bouquet- sont apparues. Depuis, Internet, au sein duquel les réseaux sociaux, a changé radicalement le paysage médiatique mondial, et donc, calédonien.

Les Nouvelles Calédoniennes vont désormais être publiées sous un format numérique. La presse locale n’est évidemment pas la seule à subir un choc économique qui résulte à la fois des revenus publicitaires, des concurrences multiples, et de l’information instantanée diffusée sur la Toile.

Modestement, à ma place, j’ai une pensée pour toutes celles et TOUS ceux qui sont victimes de cette disparition. J’éprouve, à la lecture de cet ultime numéro « palpable » des « Nouvelles », une grande nostalgie. Une page se tourne, la dernière.

Gaby Briault