

Déposée sans concertation particulière par le groupe UC/Nationalistes/FLNKS, la proposition de loi du pays relative au drapeau de la Nouvelle Calédonie ne manque pas de susciter des commentaires aussi bien dans les milieux politiques que civils. « De nos jours, indique le texte, doter un pays de son drapeau, c’est affirmer à la face du monde son identité propre, une identité forgée par l’originalité de son histoire et de son peuplement ». Or, d’une part, il s’agit d’un signe identitaire, et non des moindres, et d’autre part, comme le rappelle la proposition de loi elle-même, ce signe doit bien intégrer pour le territoire « l’originalité de son histoire et de son peuplement ». Impasse et contradictions.
VOULOIR IMPOSER SANS UN DÉBUT DE CONCERTATION
La méthode, d’abord est choquante parce qu’elle déroge aux règles de concertation que s’étaient fixées les partenaires des Accords de Matignon et de Nouméa. Or le sujet est sensible, bien davantage que les autres signes identitaires qui ont recueilli un consensus : les billets de banque, l’hymne ( !) ou encore la devise ( !!). Il ne s’agit pas de choisir un drapeau reflétant l’identité de la Nouvelle Calédonie prenant en compte son histoire et son peuplement, mais de faire droit au seul symbole de lutte du FLNKS pour tenter d’accéder à l’indépendance.
Le préambule de l’Accord de Nouméa, même s’il est aujourd’hui dépassé, stipule à ce sujet que les signes identitaires « devront être recherchés en commun pour exprimer l’identité kanak et le futur partagé entre tous ». La proposition de loi est unilatérale et exclut la notion de futur partagé entre tous. Imposer à une majorité qui a refusé l’indépendance de vivre sous le drapeau de Kanaky ne relève guère le principe de futur partagé.
UNE MAJORITÉ DES TROIS CINQUIÈMES EST REQUISE
Que dit la loi organique sur les signes identitaires ? Au chapitre consacré au compétences du Congrès, il est indiqué que celui-ci peut légiférer sur les signes identitaires. En revanche, l’article 5 indique que les votes dans cette matière doivent requérir la majorité des trois cinquièmes du Congrès. C’est-à-dire qu’au-delà d’une éventuelle combinaison indépendantistes/Eveil Océanien, la proposition de loi est vouée à l’échec.
LE DRAPEAU DES « AUTRES »
Pourtant, il est vrai que la Nouvelle Calédonie ne s’est dotée que d’un emblème, celui de l’identité kanak. Les « non-kanak », qui selon le nom du pays souverain défendu par les indépendantistes – Kanaky-Nouvelle Calédonie – sont les « Néo-Calédoniens » n’ont été capables, ni de faire valoir leur identité régionale française, ni l’emblème qui symbolise cette identité.
A défaut, déjà, pratiquement tous les organismes internationaux affichent, pour caractériser l’identité de la Nouvelle Calédonie, … l’emblème de l’identité kanak.