INCENDIE DU SÉNAT COUTUMIER : COUTUME OU PAS ?

Le dernier date du mois d’août 2020. Ce soir là, la case du Sénat coutumier part en fumée, incendiée par un jeune Kanak qui depuis, condamné, a participé à la reconstruction de l’édifice. À cette époque, l’affaire avait évidemment fait grand bruit. La condamnation avait été unanime. Quelques mois plus tard, la case avait été reconstruite, puis inaugurée avec le cérémonial qui convient.

Patatras. Elle est à nouveau ravagée par le feu. Un suspect a été interpelé ; il réside dans un squat, à proximité l’institution. « Institution », c’est dans ce mot que s’inscrit l’ambigüité qui persiste autour du « Sénat ».

Quelques jours auparavant, le Conseil de l’aire Xaracuu avait demandé la démission de l’actuel président du « Sénat », en raison de son interpellation par les forces de l’ordre le 4 octobre. Motif : conduite en état d’ivresse d’un véhicule, défaut de permis de conduire pour cause de suspension, tout cela au volant d’un véhicule de service ! Le Conseil d’aire avait estimé que « se maintenir à ce poste malgré les circonstances aggravantes, c’est mettre en péril toutes nos institutions coutumières et surtout la légitimité de la parole coutumière ».

De fait, le « Sénat coutumier » n’est pas une institution coutumière. Il a été créé par les députés de la République dans la loi organique votée au Parlement lorsqu’il s’est agi de mettre en œuvre l’Accord de Nouméa. Sa légitimité est donc juridique, et non coutumière.

D’ailleurs, son fonctionnement, ainsi que les investissements liés à la construction des bâtiments, autant que … la reconstruction des cases brûlées, sont assurés par le contribuable calédonien.

Aux yeux d’un formalisme de Droit, et d’une volonté jacobine qui inspire les constructions institutionnelles de la République, un Sénat regroupant des représentants des aires coutumières fondées, notamment, sur la pratique avérée ou passée d’une langue jugée dominante, semblait une idée pertinente.

Il serait peut-être temps de procéder à un examen d’authentification de la coutume pour établir ou non, cette pertinence. On y trouvera certainement ce qui est de nature à renforcer « la parole coutumière » et ce qui contribue à la décridibiliser.