Présentée par l’opposition métropolitaine et par certains médias comme un échec en raison de l’absence de délégations officielles indépendantistes, la « convention des partenaires » ne marque pas moins l’ouverture d’une véritable nouvelle ère pour la Nouvelle-Calédonie. Une ère qui sonne le glas de la longue période dite des Accords.
Car c’est bien de cela qu’il s’agit. Le déroulement des trois référendums était prévu pour conclure l’Accord de Nouméa. Soit la Nouvelle-Calédonie accédait à la pleine souveraineté -ce qui n’a pas été le cas-, soit elle décidait de demeurer au sein de la République -ce qui a été le cas-. Fin de la séquence.
Désormais, c’est la suite qui doit être envisagée. La réunion du 28 octobre organisée par la Première ministre est donc le coup d’envoi de « la suite ». Bien entendu, toute l’organisation du territoire ne va pas s’écrouler du jour au lendemain. Des règles de continuité permettent de maintenir un fonctionnement normal des institutions, comme des services administratifs. Mais il n’empêche : la page est bel et bien tournée.
Ainsi que l’a annoncé Elisabeth Borne, le Haut-Commissaire va effectuer un travail préparatoire dans le but de l’installation de groupes de travail dans quelques semaines par le ministre de l’Intérieur. Au programme, les questions institutionnelles, bien sûr, mais également les sujets de caractère sociétal, et probablement, quelques sujets brûlants qui vont s’inviter dans les débats. La Nouvelle-Calédonie est en pleine impasse budgétaire, financière, économique et sociale. Comment ne pas l’évoquer ?
Impossible, non plus, d’éviter le travail sur le corps électoral qui devra, lui, être prévu dans « les questions institutionnelles ». Comment, en effet, envisager avec ou sans modification, de renouveler les institutions calédoniennes … sans élection ?
Seuls, aujourd’hui, les mouvements politiques indépendantistes se murent dans le passé. Celui-ci, pourtant, leur reflète leurs échecs qui se sont accumulés depuis deux ans. Les leaders, en place depuis plusieurs décennies, sont-ils toujours en phase avec leur temps ? Leur erreur serait de croire que toute une nouvelle génération de Kanak, peu instruite par la coutume, continuera de privilégier l’idéologie plutôt que la réalité du quotidien. Les Kanak d’aujourd’hui, avec leur identité, sont devenus des consommateurs, ont constitué librement des familles, élèvent des enfants qui s’instruisent à l’école. Pour eux aussi, travail, réussite scolaire, logement, consommation et même voyages sont une réalité à laquelle ils ne peuvent plus échapper.
La Nouvelle Calédonie d’après Accords, en ce sens, ne se résume pas à une nouvelle loi organique instaurant de nouvelles règles statutaires. C’est toute sa société, dont une partie était enfermée dans la doxa des Accords, qui doit se projeter dans l’avenir. Probablement l’enjeu le plus profond des mois et des années qui viennent.