
Les réunions bilatérales et celle des « partenaires » à Paris sont bien davantage qu’un rendez-vous boudé par certains invités, accepté par les autres. Elles marquent officiellement l’entrée de la Nouvelle-Calédonie dans une nouvelle ère : celle qui succède aux trente années des Accords de Matignon-Oudinot-Nouméa.
C’est en effet une page qui se tourne, après la tenue des trois référendums qui ont ponctué, comme cela était inscrit, l’Accord de Nouméa. La contestation des indépendantistes n’y change rien. Juridiquement, la loi organique de 1999 organisant la Nouvelle-Calédonie ne pourra produire que les effets permettant la continuité des institutions et de leurs services publics.
La bouderie de plusieurs partis indépendantistes peut-elle modifier le cours du nouveau processus qui va s’engager ? La réponse est négative parce que, ainsi que l’expliquait le document de l’État sur les conséquences du Oui et du Non, le corps électoral ne peut perdurer pour les prochaines élections provinciales, et l’État sera également en droit de mettre sur la table quelques sujets de poids. Il en va ainsi de la poursuite ou non de la Mise à Disposition Globale et Gratuite des personnels de l’enseignement secondaire public comme ceux du privé. Un enjeu de 50 milliards de CFP par exemple, cela pèse !
Ainsi, pour ceux qui aiment le mot, la Calédonie va changer de paradigme cette semaine. Le temps est probablement venu de discuter, non seulement de l’inéluctable évolution du corps électoral, mais également des changements souhaitables, mais aussi inéluctables, de la société calédonienne.
En proposant de « définir les modalités du calendrier et les thématiques des discussions tripartites sur l’avenir de la Nouvelle-Calédonie », la Première ministre Elisabeth Borne fixe le cadre très large des discussions qui vont s’ouvrir les 27 et 28 juin. L’occasion de mettre sur la table non seulement les sujets qui fâchent, mais également ceux qui rassemblent. Ce sera, à dire vrai, l’initiative de l’État pour élaborer avec l’ensemble des partenaires calédoniens une vision de l’avenir pour le territoire.
Beaucoup pourront dire : enfin !