C’est un grand débat contradictoire qui émerge au gré de germes d’ostracisme qui perdurent dans les éléments de langage de certains indépendantistes. Gil Brial en été la cible, Christopher Gyges en a été une autre, tous deux enfants du pays, autant que toutes celles et ceux qui sont nés ici ou même qui ont décidé d’y vivre.
Comment cela est-il possible, et pour quelles raisons ?
Les indépendantistes kanak ne cessent de rappeler que les Kanak sont les premiers occupants. Le terme, d’ailleurs, est correctement choisi. En effet, l’archipel était, semble-t-il, vide lorsque les premiers austronésiens arrivèrent pour s’y installer. Ces premiers occupants … n’étaient pas d’ici. Ils étaient nés ailleurs, avant ce grand voyage en grandes pirogues qui les amenèrent sur les rivages de la Grande Terre et des Iles. Installés, ils y ont fait souche. Depuis ces siècles de présence, ils peuvent légitimement affirmer qu’ils sont « d’ici ».
D’autres hommes et femmes sont arrivés ensuite. Ils se sont, eux, installés chez ceux qui les avaient précédé depuis fort longtemps. Ce fut la période coloniale, dont le préambule de l’Accord de Nouméa rappelle qu’elle fut d’ombres et de lumières.
Depuis, ces nouveaux arrivant ont fait souche. Le régime colonial a fait place à une pleine démocratie tellement réelle qu’aujourd’hui, les descendant de ceux qui furent colonisés occupent les postes du pouvoir.
Dans ce monde contemporain, qui est « d’ici » et qui ne l’est pas ?
Les Kanak, évidemment, le sont. Les indépendantistes, d’ailleurs, appellent ce pays Kanaky. Les Calédoniens le sont tout autant. Quel est en effet le pays des «Calédoniens» ? La Calédonie, bien sûr. Mais alors, comment peuvent-ils être la cible d’ostracisme ?
Tout simplement parce qu’ils ne se revendiquent pas d’être Calédoniens, justement. Français de nationalité, Calédoniens d’identité. Comment dire à un Calédonien « retourne chez toi » ? Le « chez lui » d’un Calédonien, c’est … la Calédonie.