Les dérives concernant l’interprétation du soutien à l’emploi local et la qualification nécessaire pour exercer un emploi n’ont pas manqué depuis plusieurs années. Être « local » suffit-il pour prétendre à être compétent ? Les syndicats, parfois, n’ont pas ces scrupules. Ils ont souvent franchi le pas pour exiger qu’un emploi soit parfois occupé par un « local » qui n’en a pas toutes les aptitudes. Le secteur du bâtiment en a fait les frais depuis de nombreuses années. La comparaison entre les indices de performance des ouvriers calédoniens avec les standards internationaux sont révélateurs. La perte de compétence s’affiche à presque tous les niveaux. D’ailleurs, comment expliquer autrement les malfaçons qui sont devenues courantes dans la plupart des réalisations des entreprises locales ? Des étanchéités mal faites, des plomberies défaillantes, des poses défectueuses. Quel nouveau propriétaire a échappé totalement à ces déboires ?
Cette fois, s’agissant du pilotage d’un avion transportant du public, des vies humaines peuvent être en jeu. Le respect des règles de compétence et de sécurité doit s’imposer avec une rigueur absolue.
La Nouvelle Calédonie, complètement autonome pour la gestion de ses affaires internes, a progressivement donné le sentiment que puisqu’on a la « compétence » statutaire, on possède la compétence technique ! Résultat : plusieurs secteurs vitaux du territoire sont partis à vau-l’eau. Est-il besoin de citer une nième fois l’exemple du Ruamm ? Compétents, mais incapables ! Les travers se sont étendus au secteur de la santé. Depuis des années, les maux qui risquaient d’attenter à notre attractivité pour les médecins avaient été détaillés par les praticiens eux-mêmes. En vain. Incompétence. Les autres exemples ne manquent pas. A quand les chirurgiens Bac + 3 ?
Certains élus, à présent, se défient des experts. Surtout s’ils sont Français et métropolitains ! Forcément, ils ne connaissent rien au pays, et la vraie expertise est « d’être du coin » …
Dans l’affaire d’Air Cal, un voyant rouge pourrait s’allumer. Une sorte de dérive contre laquelle un « no go » est de mise.
Il serait d’ailleurs temps de mieux appréhender la question de l’emploi local. Il est naturel qu’à compétence égale, un candidat calédonien jouisse d’une préférence par rapport à une candidature extérieure ou nouvellement arrivée. L’article 24 de la loi organique, souvent dévoyé, stipule qu’il s’agit de « soutenir et de promouvoir l’emploi local » par des « mesures visant à favoriser l’exercice d’un emploi salarié » pour les « citoyens de Nouvelle-Calédonie et les personnes qui justifient d’une durée de résidence suffisante ». Favoriser, promouvoir, et non imposer. Ni moins, ni plus.