Comment ne pas affirmer que la Nouvelle Calédonie a changé, qu’elle est sortie de la caricature du « colonialisme », qu’elle ne donne pas toutes ses chances à tous ses enfants, après la nomination méritée de Gilles Ukeiwë, cadre supérieur kanak de l’enseignement national, à la tête de l’emblématique Lycée La Pérouse ? Commentaire.
D’abord, cette nomination n’est pas de complaisance. Elle est le fruit du travail et du sérieux de l’intéressé. Maître auxiliaire, il passe le concours national des personnels de direction en 1999 pour intégrer l’encadrement de l’Éducation Nationale. Il gravira ensuite les échelons de directions d’établissements comme tous ses collègues. Respecté, estimé, il est à la tête du plus ancien lycée de Calédonie qui ne fut autrefois, que le « Collège La Pérouse ».
Dans des temps plus anciens, son père, Dick Ukeiwë, enseignant du primaire, s’était vu refuser l’entrée au Collège la Pérouse. A cette époque, tout juste après la suppression de l’Indigénat, les Kanak n’y étaient pas admis. Comment alors de ne pas constater la formidable évolution du territoire à l’intérieur de la République après cette nomination ? Une nomination qui suit l’accession de feu son père aux plus hautes fonctions, lui qui fut président du gouvernement calédonien, Sénateur et Député Européen.
Gille Ukeiwë ne fait pas partie de n’importe quel clan. Dans le district de Löessi, il est tout proche de l’aîné. Même si pendant les douloureux événements de 1984, l’engagement politique de Dick, son père, entraîna l’incendie de la maison familiale et l’exil de la famille. Il est un formidable exemple.
La Nouvelle Calédonie n’est ni l’Ukraine ni une colonie sous le joug d’un colonisateur qui serait assimilable à Vladimir Poutine ! Bien sûr, le travail qui reste à accomplir pour réduire encore les inégalités sociales demeure immense. Il faut poursuivre la tâche. La nomination de Gilles Ukeiwë démontre que la société calédonienne peut progresser par le labeur et le mérite, davantage que par les idéologies.