LES LEADERS INDÉPENDANTISTES EN DÉCALAGE AVEC LA JEUNESSE KANAK ?

Accrochés à leurs fonctions depuis près de 40 ans, les dirigeants indépendantistes vieillissants ne sont-ils pas de plus en plus décalés avec la jeunesse kanak ? Bien sûr, beaucoup pourraient avoir le sentiment que la révolte gronde chez cette jeunesse, avec trop souvent, comme seul repère, les jeunes délinquants. Mais ces derniers, en permanence mis en avant dans les médias par leurs méfaits sont pourtant loin d’être représentatifs d’une jeunesse kanak de plus en plus instruite, et de plus en plus perplexe devant l’incompétence et les outrances affichées par les vieux dirigeants séparatistes.

La réalité, c’est que cette génération montante se tient à l’écart d’un monde politique qui manie des thèmes datant de 1975. Elle essaie de réussir au lycée, à l’Université, puis en métropole pour les plus studieux en son sein. Bien sûr, les jeunes Kanak aiment le drapeau de leur identité et s’y reconnaissent. Mais bientôt ou déjà à la recherche d’un emploi, soucieux de fonder une famille, intégrés dans une société de consommation à laquelle ils n’échappent pas, ils se posent des questions auxquelles la sempiternelle « revendication d’indépendance » n’apporte aucune réponse. On ne les entend guère. Ni les ingénieurs dans la métallurgie, ni les juristes, les personnels médicaux, les libéraux qui sont conscients de la différence entre les utopies de l’idéologie et la vraie vie.

La vraie vie, justement, les dirigeants indépendantistes aux larges bureaux, aux voitures de fonctions coûteuses, familiers des voyages en classe Business, paraissent en être bien éloignés aux yeux de ces jeunes en proie aux difficultés matérielles quotidiennes. Certains n’ont pas les moyens de disposer des ordinateurs nécessaires à leurs études, et parfois même, doivent se priver de déjeuner à l’Université la seconde moitié du mois. Trop cher.

Pour ces jeunes, qui représentent une grande partie de la génération kanak de demain, les « bilatérales », le refus de discussion, les incantations sur les bienfaits de la souveraineté pleine et entière, la défiance à l’égard de l’État qui lui, intervient pour tous les jeunes, tout cela devient progressivement incompréhensible.

Que tant de jeunes kanak ne soient pas allés voter pour les candidats indépendantistes, aussi bien aux Iles que sur la Grande Terre devrait faire réfléchir les leaders indépendantistes. Plutôt, pour eux, que d’être concentrés sur les voies et moyens de conserver leurs fonctions.