
Mais oui, jusque dans les années 70, la Calédonie est un producteur de café reconnu. Pur produit de la colonisation, il est d’abord introduit par les Maristes en 1859. En 1890, sous l’impulsion du gouverneur Feillet, la plantation de café et ses revenus espérés contribuent à attirer 700 familles qui vont se lancer dans l’aventure. Puis, avec l’arrivée des travailleurs javanais, infatigables cueilleurs et artisans de la filière, avec les tribus largement impliquées dans la plantation caféière, cette culture va connaître son apogée en 1939. A cette date, la production, presqu’entièrement exportée, atteint le record de 2350 tonnes pour une population totale de 30.000 Calédoniens ! Rapporté au nombre d’habitant, cela correspondrait aujourd’hui à près de 20.000 tonnes de café produites …
Ces chiffres vont décliner au fil des ans, mais tout de même. En fin des années 60, le territoire produit encore près de 1500 tonnes de café. C’est le temps où la cotation du produit à Marseille est régulièrement annoncée, celui où le café calédonien, apprécié comme « améliorateur » de café, est toujours presqu’entièrement exporté par bateau vers la métropole.
Et puis vient l’idée de remplacer le café sous ombrière par le café « plein soleil ». Génial ! La Caisse Centrale de Coopération Economique accord un prêt d’un milliard -l’équivalent d’une dizaine de milliards de nos jours-, et sous l’impulsion de l’Institut Français du Café et du Cacao, (IFCC), les « caféries » traditionnelles sont abandonnées au profit de parcelles d’hybride de robusta et d’arabica et peu partout sur la Grande Terre. Las. Les fourmis rouges, l’attrait du travail sur mine, puis l’exode des métayers javanais chassés de partout pendant les événements de 1984, mettront un coup d’arrêt quasi-définitif à ce qui fut un fleuron de l’agriculture calédonienne.
Certes, au cours de deux dernières décennies, il y a eu la flambée d’espoir d’une production haut de gamme, avec en particulier le retour du café « Leroy ». Un rêve vite éteint.
Aujourd’hui, la triste réalité, c’est que la production du café calédonien est pratiquement un mythe. Tout comme l’annonce régulière de la future « souveraineté » alimentaire … Va-t-on exporter notre café à Singapour ? Une plaisanterie à se rouler par terre de rigolade. La production annuelle de la totalité de nos plantations encore actives a été de 2 tonnes en 2020 !!
Autrement dit, comme nous en consommons près de 1200 tonnes chaque année, et en dehors des niches confidentielles de « pur local », « notre » kilo de café est composé en moyenne de 898 grammes de café de Papouasie ou autre, et de … 2 grammes de café calédonien.