C’est la surprise politique de ce jeudi. Jacques Lalié a fait voter un vœu par l’Assemblée de la Province des Iles pour que « l’ouverture du dialogue entre les parties prenantes pour préparer le processus de sortie de l’Accord de Nouméa et la poursuite du processus de décolonisation soient enclenchés immédiatement. Les exigences de réunions bilatérales ne doivent pas compromettre aujourd’hui toutes discussions entre les partenaires locaux sur tous sujets qui nous intéressent et qui visent l’intérêt de la collectivité ».
Invité sur le plateau de Dave Waheo-Hnasonne dans le cadre de l’émission « Face aux Calédoniens », le président de la Province des Iles a confirmé sa position, estimant qu’il y avait un espace politique pour les « bilatérales » entre les partis politiques indépendantistes et l’État, et le dialogue entre Institutions de Nouvelle-Calédonie.
C’est en réalité une véritable brèche qui s’est ouverte au sein de la mouvance indépendantiste. Celle-ci a successivement défendu l’invalidité du troisième référendum, une discussion directe entre les partis indépendantistes et le gouvernement français, une accession imposée à l’indépendance, et une radicalisation conduisant le président du Congrès à considérer que Christopher Gyges, né en Nouvelle-Calédonie, n’y était pas chez lui.
Ces derniers jours, Jean-Pierre Djaïwe avait défendu un calendrier éloigné de l’urgence, et posant comme délai celui de 2024. Durant la campagne électorale, Wali Wahetra avait scandé son intransigeance sur tout ce qui était « non-négociable ». Le Palika n’a d’ailleurs pas voté le vœu lors de la réunion des élus provinciaux des Iles.
Quant à la « différenciation » entre les élus s’exprimant dans les partis politiques et les mêmes élus s’exprimant dans les institutions, elle n’est guère plausible. On voit mal Jacques Lalié refuser au sein de l’UC toute discussion avec les partis non-indépendantistes locaux, et réclamer l’ouverture immédiate de ces discussions en qualité de président de province ! Le langage politique est souvent compliqué, mais là, ce serait à perdre son drehu …
À dix jours à peine de la venue sur le territoire du ministre de l’Intérieur et de celui des Outre-mer, voila un rebondissement totalement inattendu des postures politiques adoptées jusqu’à présent. Une chose est certaine : la prise de position de Jacques Lalié devant les 150.000 téléspectateurs de jeudi soir n’est pas passée inaperçue et ne sera pas sans suite …