Étranges déclarations que celles de Louis Mapou sur son action et celle de prédécesseurs. « Humilité » est un mot qui fait tarte à la crème, et qui est surtout largement utilisé par celles et ceux qui oublient d’appliquer cette vertu. En tout cas, le président d’un gouvernement dont la majorité ne s’est guère illustrée par sa dynamique, aussi bien dans la réforme de la gouvernance des régimes sociaux, le traitement de la désertification médicale, la relance économique, les économies budgétaires ou encore la réduction des inégalités, prend de haut l’action politique menée depuis 30 ans, la qualifiant d’incurie. Un comble pour un gouvernement dont l’absence de mise en œuvre de la collégialité et de la simple concertation tranche avec ses belles déclarations de février 2021, lors de la chute du gouvernement Santa. L’échec est toujours de la faute des autres …
Lorsqu’à l’issue des Accords de Matignon, les élus ont décidé de remettre la Nouvelle Calédonie sur les rails, après 4 années de troubles, de faillite économique, et de violence entre les camps antagonistes calédoniens, indépendantistes et loyalistes ont su retrouver les chemins d’une concorde perdue, redresser l’économie du territoire, et réformer des secteurs entiers laissés à l’abandon.
« Incurie politique » les prémisses, déjà, une nouvelle industrialisation de la Calédonie fondée sur le nickel, la construction de nouveaux hôtels dans toutes les provinces, le développement des compagnies aériennes intérieure et internationale, les réformes sociales sur les retraites complémentaires, les dynamiques dans toutes les provinces générées par les responsabilités toute neuves conférées par les Accords ? Foutaise ! Si les trente années qui nous précèdent ont aussi leurs échecs, leurs erreurs, leurs carences, il s’agit bien, déjà, d’une période de 10 ans entre 1990 et 2000 marquée par une concorde retrouvée, et un développement sans précédent.
La période qui a suivi les Accords de Nouméa a certes été moins flamboyante. Mais cela justifie-t-il que l’ancien responsable de la Sofinor parle « d’incurie politique » ? Deux usines nouvelles ont été réalisées, fonctionnant plutôt cahin-caha, mais créant des milliers d’emplois, les régimes de solidarité se sont bonifiés avec une retraite de solidarité dont bénéficient largement les « vieux », les allocations familiales ont été servies aux familles sans emploi, les infrastructures de santé ont fait un bond en avant prodigieux, les infrastructures sportives ont connu un développement exceptionnel grâce aux Jeux du Pacifique en 2011, la Calédonie est entrée au capital de la SLN et d’Eramet, et plus récemment, le territoire a lancé un mouvement de transition énergétique exemplaire en brûlant les étapes. Et puis, et puis. La liste pourrait être longue à présenter à Louis Mapou pour souligner qu’en dépit de nombreuses carences, « 30 ans d’incurie politique » est une affirmation outrancière.
Qu’importe d’ailleurs. Qu’il prouve que l’action politique dont il dit grand mal pour ceux qui l’ont précédé, peut, en ce qui le concerne, dépasser les illusions idéologiques, les approximations et la procrastination. Et ses successeurs seront assurément, moins cruels à son égard.