Une page de l’histoire politique se tourne-t-elle avec le retrait de Philippe Gomes de la vie politique ? Hier, sur le plateau de NC1ère, l’intéressé l’a en tout cas confirmé après 36 ans d’une action commencée dans un cabinet ministériel du gouvernement Ukeiwe, et poursuivie avec le mandat de maire de La Foa qui l’a révélé au grand public.
On connaît le parcours de l’actuel député de la seconde circonscription, conseiller de province, membre du Congrès puis membre du gouvernement, président de la province Sud, président du gouvernement et enfin député. Il a exercé pratiquement tous les mandats locaux, et l’un des plus beaux de la République.
Sa vie politique a été marquée par des scissions -celle d’avec le RPCR, puis de l’Avenir Ensemble-, des alliances et des retours d’alliance, notamment avec le Rassemblement. Homme de pouvoir, Philippe Gomes l’a exercé avec brio, mais selon des programmes souvent controversés. Il a conservé néanmoins un point commun avec Jacques Lafleur : le fondateur du RPCR aimait la culture, et en particulier la musique, le fondateur de Calédonie Ensemble aime la culture, et en particulier le cinéma. Cet amour de l’art les distingue au sein d’une classe politique peu imprégnée de cette qualité.
Est-ce une fausse sortie ? Des sénatoriales en vue ? Rien de tout cela affirme Philippe Gomes. Devant les caméras, et accessoirement 150.000 téléspectateurs, le député confirme : « J’ai vu trop de fins d’hommes politiques un peu pathétiques (…) je sais sortir et quand j’ai décidé de sortir, je le fais ».
Hostile à la partition Calédonienne, Philippe Gomes lâche tout de même : «la souveraineté calédonienne s’exerce de manière très large. On est compétent en tout : économie, environnement, droit du travail, droit commercial, fiscalité, etc … etc … ». Sémantique. Pour autant, il souligne l’importance des compétences de l’Etat, en appelant de ses vœux un consensus calédonien pour solder l’hypothèse de nouveaux référendums.
Certes, Philippe Gomes continuera à exercer ses mandats de conseiller de province et de membre du Congrès. D’où le soupçon de certains d’une intention cachée de se mettre en retrait pour mieux réapparaître dans quelques mois. Une intention que le député réfute totalement.
Philippe Gomes, après toutes ses années, a tenu à remercier les Calédoniens qui lui ont permis d’exercer ses responsabilités successives. «Je les remercie aussi parce je trouve formidable, dans un pays qu’on décrit souvent comme fermé, d’avoir offert à quelqu’un qui n’est pas né ici la capacité à avoir sa trajectoire et à servir ce pays qui est son pays d’adoption, puisque je suis un Calédonien d’adoption». Alors, sincère ? Il en avait en tout cas les accents devant les caméras. Pour le reste, les mois qui viennent apporteront l’incontestable réponse.