Depuis des mois, la Calédonie fait le constat que la communauté de médecins se rétrécit. Des spécialistes ont quitté le territoire, les installations nouvelles sont rarissimes, le Médipole a du mal à retenir ses médecins. Hors ce constat, et les sonnettes d’alarme tirées par le corps médical depuis plusieurs années, les autorités semblent se borner à déplorer ce phénomène.
Or, il y a toujours une explication à tout. Si la brousse et les Iles n’attirent pas de candidats, si le Médipôle n’attire pas de spécialistes, si la médecine de ville, généraliste ou spécialisée se vide de ses praticiens, c’est bien pour une raison ! Il faut lucidement rechercher les causes et tenter d’y remédier, à défaut d’avoir su anticiper.
La Calédonie n’attire plus, et encore moins des Australiens, des Fidjiens ou des Néo-Zélandais. La mouvance indépendantiste imaginait qu’autoriser les médecins de notre proche région à exercer en Nouvelle Calédonie suffirait pour juguler la désertification médicale. Peine perdue. Qui a entendu parler d’une installation en brousse de médecins kiwis, australiens ou néo-zélandais ?
Les causes de toutes ces pénuries sont connues. Mais tout comme pour le Ruamm, les solutions ne viennent pas. Pour la médecine de ville, par exemple, les tarifs n’ont pas évolué depuis des années. Certaines obligations de conventionnement sont obsolètes. Lorsqu’un touriste calédonien consulte un médecin généraliste sur la Gold Coast, il en sera pour 15.000 FCFP de sa poche. Au Médipôle, qui croule sous la noria de personnels administratifs en tout genre, les médecins ont déjà fait savoir ce qui n’était plus attractif. On peut citer le régime de retraite, de gardes pour certaines spécialités, ou encore les conditions de travail de personnels qui sauvent des vies humaines à l’issue de plus de 10 ans d’études.
Quant à la Brousse, la désertification médicale y est inscrite tant que les médecins seront agressés, cambriolés, menacés. Pour quelle raison venir dans cette galère calédonienne quant d’autres opportunités, aussi bien Outre-mer qu’en métropole, leur sont offertes ?
La Calédonie n’est en effet pas seule au monde, et d’autres endroits sont bien plus accueillants pour les médecins. A cet égard, une comparaison avec la Polynésie, la Réunion ou la métropole, est édifiante. Meilleures rémunérations, meilleur statut, meilleures conditions de travail sont les caractéristiques qui expliquent que dans ce qui est devenue une concurrence, là aussi, la Calédonie est à la traîne. Le territoire aurait pourtant une méthode simple à mettre en œuvre pour renverser le courant d’une désertification programmée : sortir de l’immobilisme.