
C’est une époque qui continue à se refermer avec la disparition de Bernard Pons, ancien ministre, ancien député, ancien secrétaire général du RPR, à l’âge de 95 ans.
Ce fidèle de Jacques Chirac, mais qui avait rompu avec lui en 2005 («Je l’ai cru longtemps ouvert, attentif, généreux, fidèle en amitié. Je constate aujourd’hui qu’il en est autrement», avait été au chevet de la Nouvelle-Calédonie entre 1986 et la défaite de Chirac aux présidentielles de 1988.
Son mandat a été marqué par trois faits majeurs pour les Calédoniens. Deux statuts, d’abord. L’un en 1986, avait réduit les pouvoirs des régions et les avait recentrés entre les mains du congrès, le second en 1987 avec la création d’un conseil exécutif. Le référendum de 1987 ensuite. Le drame d’Ouvéa enfin.
Au cours de cette période, Bernard Pons avait mis en place l’indemnisation totale des dommages directs causés aux personnes et aux biens par des actes de violence liés aux événements politiques survenus dans le Territoire de la Nouvelle-Calédonie entre le 21 octobre 1984 et le 15 avril 1986. Il s’agissait là d’une initiative attendue depuis le début des événements.

L’Adraf a été mise en place sous l’égide de Bernard Pons, et beaucoup l’ont oublié. L’Agence avait remplacé alors l’Office Foncier.
Le statut dit Pons 1 prévoyait que les populations intéressées de la Nouvelle-Calédonie seraient consultées sur l’accession à l’indépendance ou sur le maintien au sein de la République. Le référendum se tient le 13 septembre 1987, et le FLNKS appelle à l’abstention. Déjà. Le résultat est sans appel : près de 60% des électeurs se rendent aux urnes et 98,3 % d’entre eux optent pour le maintien de la Nouvelle-Calédonie dans la République.

Dans la foulée, le territoire est doté d’un statut nouveau dit « Pons 2 ». Celui prévoit le maintien de 4 régions et du congrès. L’Exécutif de la Nouvelle Calédonie est assuré par un Conseil Exécutif élu, composé de 10 membres : un président, élu parmi les membres du Congrès au scrutin secret, les présidents des conseils de région et cinq membres élus au scrutin de liste à la représentation proportionnelle, à la même date et dans les mêmes conditions que le président du conseil exécutif.
Le mandat de Bernard Pons s’achève avec le drame d’Ouvéa, dont on lui fera injustement porter la responsabilité. L’opération, menée à titre tout à fait exceptionnel par les forces armées sur une partie du sol national, relevait par conséquent de l’autorité du chef des armées. C’est-à-dire le président de la République.

Ce drame, l’émotion nationale qu’il a soulevée, les polémiques qui l’ont accompagné, ont occulté le rôle du docteur Pons -Bernard Pons était médecin généraliste-. Les personnes spoliées à cette époque, et le tissu économique local soutenu à bout de bras par les subsides de l’État lui doivent beaucoup. Les indépendantistes, en revanche, ne le portaient guère dans leur cœur.