Au second tour des présidentielles de 2017, Emmanuel Macron avait été placé en tête dans l’ensemble de l’Outremer, avec une avance assez significative sur Marine Le Pen. Ainsi, en Martinique, il était crédité de 77,5% des votes, 75,1 en Guadeloupe, 64,9 en Guyane. Paysage totalement différent en 2022. Mélenchon triomphe au premier tour, et les voix se reportent sur Marine Le Pen au second. En Martinique, la candidate du Rassemblement National frôle les 70% alors qu’il y a 35 ans, dans le département voisin de la Guadeloupe, des manifestants empêchaient Jean-Marie Le Pen d’atterrir !
Ces reports montrent à quel point le vote des Antilles-Guyane, mais également de la Réunion, est protestataire. Le Covid et les antivax y ont laissé des traces profondes. Dans 8 des 11 collectivités Outremer, Marine Le Pen est arrivée en tête avec 58,3% des voix au total.
Selon certains analystes, ce rejet trouve sa source dans un manque de prise en considération des difficultés, notamment aux Antilles. Lorsqu’au cours de la crise du Covid, beaucoup de crainte s’est manifestée autour du vaccin, les Antillais ont eu le sentiment que la seule réponse de Paris a été d’envoyer le Raid et des renforts policiers. Il y a eu aussi la crises gilets jaunes, laquelle a été suivie par la suppression des emplois aidés.
Le bilan n’est donc pas bon pour le ministre des Outremer dans ces régions. Seule satisfaction pour lui : les scores favorables au président sortant enregistrés dans le Pacifique, avec près de 70% à Wallis et Futuna, 61% en Nouvelle Calédonie et 52% en Polynésie.
Ces résultats vont certainement affaiblir sa position politique. Toutefois, incontestablement, il demeure le spécialiste de la Nouvelle Calédonie.
A la suite de la démission du Premier ministre la semaine prochaine, un nouveau gouvernement sera mis en place, au moins jusqu’aux élections législatives. Pour remplacer Jean Castex, deux noms circulent, celui du ministre de l’agriculture, Julien Denormandie, et celui de la ministre du travail, Elisabeth Borne.
Sébastien Lecornu pourrait-il être maintenu aux Outremer ? Compte tenu de la connaissance qu’il possède de ce dossier compliqué, ce n’est pas impossible. Dans ce cas, il serait chargé de garder un œil attentif sur la préparation des élections législatives. Au-delà, bien des choses dépendront de l’existence d’une majorité présidentielle ou non …