
Les élections présidentielles qui viennent de se dérouler en Nouvelle Calédonie ont été marquées à la fois par la victoire d’Emmanuel Macron, le bon score de Marine Le Pen, le score honorable de Jean-Luc Mélenchon, et les scores très moyens d’Eric Zemmour et de Valérie Pécresse. Mais les Calédoniens, convoqués dans la forme du corps électoral la plus large, comme ils le seront lors des législatives prochaines, n’ont été que 72.000 à se rendre aux urnes au premier tour, 76.000 au second tour, sur un total de 218.000 électeurs potentiels. En clair, ils sont encore potentiellement 142.000 à pouvoir faire pencher la balance pour désigner les deux députés qui siègeront à l’Assemblée Nationale ! De quoi faire flipper le compteur des prévisionnistes …
Cette incertitude est sensiblement différente selon les provinces. Rappelons que la première circonscription législative comprend Nouméa, l’Ile des Pins et les Iles Loyauté, et la seconde, le reste du territoire. La mobilisation a été supérieure à 50% dans toutes les communes de la province Sud, relativement faible dans le Nord, et pratiquement insignifiante aux Iles.
A Nouméa, le vote au premier tour a été ferme, en faveur d’Emmanuel Macron, mais 60% du corps électoral a boudé les urnes. La capitale sera la pierre angulaire de l’élection législative dans la première circonscription. Mais la vraie question qui se pose est celle de l’attitude des électeurs.
Les Calédoniens ne sont sensibles aux mots d’ordre qu’assez rarement. Ils raisonnent selon leur sentiment personnel, le ressenti du terroir, parfois bien éloigné des enjeux nationaux. Ainsi, Marine Le Pen, lors des élections de 2017, avait réalisé un excellent score en Calédonie, le second après Fillon au premier tour, et Macron au second. Ce n’est pas pour autant que le Rassemblement National a explosé dans les urnes lors des élections suivantes.
Du scrutin présidentiel, toutefois, plusieurs enseignements peuvent être tirés. Du côté des loyalistes, le vote légitimiste allié à la reconnaissance du travail accompli par Emmanuel-Macron-Sébastien Lecornu est reconnu. Mais ce n’est pas le cas des abstentionnistes, plus nombreux que tous les suffrages exprimés.
Le vote en faveur de Marine Le Pen n’a pas été, jusqu’à présent, un vote d’adhésion, mais plutôt, un vote de protestation. Sur qui va-t-il se reporter ?
Les autres le sont, à des degrés divers. La gauche à Nouméa, n’a jamais fait des étincelles. Pourtant les voix recueillies par l’ensemble des candidats de gauche, ajoutées à ce qui pourrait être assimilé à un vote protestataire, est quasiment équivalent au score d’Emmanuel Macron !
Autant dire que les électeurs des présidentielles et les 142.000 électeurs en réserve peuvent provoquer les plus grosses surprises en juin prochain. La personnalité des candidats pèsera certainement très lourd, et la campagne qu’il mèneront également. Rien ne dit, aujourd’hui, que les votants aux législatives n’auraient pas envie de « renverser la table ».