

Le discours prononcé par le président de l’Union Calédonienne en ouverture du congrès de Boyen est à la fois une confirmation et une traduction. D’une part, la confirmation de l’outrance, maniée il y a quelques jours, associant l’action de la France à celle de Vladimir Poutine et même à celle des nazis ( !). D’autre part, la traduction d’une absence de stratégie à l’issue de 3 consultations référendaires. Et enfin probablement, la crainte d’annoncer tout simplement la vérité aux militants et cadres du parti.
Cette déclaration confirme les comparaisons fantaisistes de la situation calédonienne avec celle actuelle de la Russie, et celle, passéiste, du régime hitlérien. Elles sont tellement outrancières qu’elles en deviennent dérisoires. Les observateurs de l’Onu, présents sur le territoire en décembre dernier doivent en rester coi. Reste que de telles outrances ne débouchent sur rien, sinon à créer un climat malsain pour la concorde, la sérénité du débat, et tout simplement, pour la démocratie.
En lisant ces phrases, ruisselant d’intolérance et de sectarisme, chacun peut se faire une idée de ce qu’aurait pu être Kanaky …
Elle traduit surtout une absence de stratégie, et une réponse aux nouveaux défis de la Nouvelle-Calédonie face à « la situation ainsi créée », résultant des trois scrutins d’autodétermination demandé trois fois par … l’Union Calédonienne et ses partenaires.
Qu’est devenu le grand parti de 1953, dont la devise « Deux couleurs, un seul peuple » avait rallié une majorité multiraciale calédonienne jusqu’en fin des années 70. Ce parti avait été rassembleur, novateur dans la construction sociale, avec notamment la création de la Cafat au début de années 60, bâtisseur, depuis les ponts de la côte Est en passant par la voie de dégagement.
Or que s’est-il passé depuis un an ?
L’appel à la violence pour imposer Sofinor et Korea Zinc dans la reprise de l’usine du Sud a débouché sur un fiasco : la condamnation d’activistes, le piteux repli des deux entités citées, et un compromis signé au grand soulagement d’un certain nombre de militants indépendantistes inquiets pour leur emploi guère assuré par l’idéologie.
Les rodomontades sur la lutte pour la présidence du gouvernement – « l’Union Calédonienne ira jusqu’au bout » – ont finalement abouti à la désignation de Louis Mapou du Palika, et … à la démission du candidat UC.
Les demandes de renvoi du Haut Commissaire ainsi que du général Commandant supérieur des Forces Armées, ont satisfait quelques militants, mais n’ont eu pour conséquence qu’une perte supplémentaire de la crédibilité du mouvement indépendantiste.
Quant à la gestion au gouvernement et au Congrès, en dépit de quelques déclarations politiques, elle n’a fait que confirmer l’illusion d’une Kanaky souveraine, et la réalité de « l’interdépendance » essentielle avec la France.
Aujourd’hui, réaffirmer que l’accession directe de la Nouvelle Calédonie à la pleine souveraineté est possible grâce à un rapport de force avec la « puissance coloniale », et par le biais de « bilatérales », tout cela dans un environnement d’insultes, est tout autant incantatoire.
Le dirigeant de l’UC craindrait-il de dire la vérité aux militants ?