Vaea Frogier, ancienne adjointe du maire du Mont Dore, cheffe d’entreprise, et fille du Sénateur Pierre Frogier, a décidé de se lancer dans la campagne des législatives en Nouvelle Calédonie, et de présenter sa candidature le 12 juin prochain sous le nom de Vaea Frogier-Morault. Une annonce trop précoce, une candidature susceptible de troubler le jeu des partis ? Commentaires.
Elle s’exprime bien, et ne pratique pas la langue de bois. Ce sont des qualités de plus en plus appréciées chez celles et ceux qui veulent se lancer en politique. Car l’élection législative est une élection politique. Ce n’est pas suffisant mais cela compte.
L’échéance qui va venir sera fortement marquée par l’élection présidentielle. Le chef de l’Etat est en effet le personnage clé qui décide des grandes orientations de la Nation, et en particulier, pour ce qui concerne la Nouvelle Calédonie. De surcroît, le sujet de l’axe Indo-Pacifique, popularisé par Emmanuel Macron, est devenu un réel enjeu du futur français et européen, un sujet repris par la quasi-totalité des candidats à la présidentielle. Et pour lequel la Calédonie est devenue d’une importance majeure.
En clair, les Calédoniens, encore sous le coup de la crainte d’une hypothétique indépendance pourtant refusée par trois fois, et plutôt légitimistes, seront sensibles au concept de la majorité présidentielle, et donc à la candidature soutenue par le prochain ou la prochaine Présidente. Mais rien de cela n’exclut l’inattendu, le coup de cœur, ni la démonstration d’une adhésion aux idées développées.
Dans la famille de Pierre Frogier, la fibre politique n’est pas une notion en l’air. Trois tendances s’y sont exprimées. Pierre est Sénateur après avoir été député, et n’a jamais caché sa proximité avec Nicolas Sarkozy dans la sphère Les Républicains. Sa voix compte d’autant plus qu’il a l’oreille du président du Sénat, Gérard Larcher. Deux enfants du Sénateur se sont lancés en politique. Brieuc, élu à l’Assemblée de province et au Congrès en 2019 sur la liste de l’Avenir en Confiance, a récemment pris le flambeau d’Eric Zemmour. Vaea , quant à elle, a choisi une candidature indépendante et ne se rattache à aucun parti politique.
Avec un slogan apolitique, “Cher passé, Merci pour les leçons. Cher futur, je suis prête”, elle a annoncé qu’au cœur de son programme figuraient deux préoccupations : la dualité du statut des personnes, celles de droit commun et celles de droit coutumier d’une part, et la proximité des institutions provinces-communes pour régler au mieux le quotidien des Calédoniens d’autre part.
Cette proposition tranche plutôt avec les programmes fleuve habituels des candidats et propose clairement un sujet de débat. Sera-ce suffisant, et l’objet de ce débat va-t-il susciter l’intérêt des électeurs ?
Les semaines électorales qui arrivent possèdent leur lot de tendances et leur flot d’incertitudes. L’élection présidentielle semble réglée pour de nombreux Français qui ne voient pas les raisons pour lesquelles Emmanuel Macron serait battu. Les législatives calédoniennes sont, elles, encore “dans le brouillard”. On ne connaît pas tous les candidats même si des noms circulent, et l’on ne sait pas si les indépendantistes vont entrer dans la course.
Les deux circonscriptions possèdent en outre des caractéristiques fort différentes. Pour faire simple, disons qu’il est plus aisé d’énoncer un pronostic dans la première que dans la seconde. A n’en pas douter, des candidatures vont être testées dans des sondages au cours des semaines à venir. Mais une vérité demeure et demeurera : le résultat d’une élection est connu après le dépouillement des urnes. Jamais avant.
Dans ces conditions, Vaea Frogier peut envisager deux objectifs : la victoire, parce qu’un ou une candidate aspire logiquement à son Graal et ne peut se lancer dans une élection … battu d’avance, et la performance, parce qu’un score, selon qu’il est faible ou “intéressant”, peut toujours peser pour la suite.