UNE QUATRIÈME CONSULTATION D’AUTODÉTERMINATION EST-ELLE ENVISAGEABLE ?

C’est le nouveau leitmotiv séparatiste : le référendum du 12 décembre 2021 serait illégitime et il faudrait, en quelques sorte, « refaire le match ». L’Union Calédonienne avait exprimé cette position dans une récente déclaration de son président. Le Palika suit le mouvement en demandant cette fois, que la consultation soit organisée par l’Onu. Un tel processus est-il envisageable ?

Ces attitudes peuvent trouver leur justification dans deux raisons.

La première est qu’il faut donner une raison d’espérer à une base relativement démobilisée, et quelque peu désorientée par l’absence de véritable stratégie indépendantiste depuis un une quinzaine de mois. L’échec du bras de fer dans l’affaire de l’usine du Sud, les doutes générés sur la conduite économique dans le Nord par les analyses de la Chambre territoriale des Comptes, le trou d’air qui a suivi la prise de pouvoir au gouvernement, la querelle qui s’est instaurée entre l’UC et le Palika pour la présidence du gouvernement, l’obligation de ce dernier de demander l’aide de la France, et enfin les justifications douteuses pour une non-participation au troisième référendum, tout de cela n’est pas sans conséquence sur le moral et la foi des troupes.

Il faut ajouter à ce rappel le fameux document de l’Etat sur les conséquences du oui et du non, une publication qui n’avait fait que préciser les implications douloureuses d’une indépendance, notamment dans les domaines de la nationalité et des finances publiques. Et qui avait fait mouche en rappelant la réalité aux utopistes.

Qu’importe, les indépendantistes ont choisi de contester cette analyse factuelle en affirmant que sa production était une prise de position politique de l’Etat !

La seconde est qu’il faut trouver un moyen de peser dans les discussions qui vont inévitablement s’ouvrir sur les mutations statutaires, à tout le moins sur les points de la loi organique qui ne peuvent perdurer. Comme le corps électoral figé.

Quant aux chances d’aboutir de cette revendication, elles sont quasiment inexistantes. La France est un Etat souverain. La régularité de sa consultation d’autodétermination prévue dans les Accords s’est effectuée sous l’observation de l’Onu. Mieux, trois consultations ont eu lieu, processus unique dans l’histoire des décolonisations, et les trois ont abouti au même résultat.

Quant à l’Onu, organisation respectable, son rôle et son incapacité d’intervention apparaissent clairement dans le conflit entre la Russie et l’Ukraine. Mais les successeurs du général de Gaulle sont plus courtois dans leur appréciation de ce que le premier président de la Ve République appelait « le machin » …

En clair, on peut raisonnablement estimer qu’il n’y aura pas de sitôt un nouveau référendum d’autodétermination, et encore moins une consultation organisée par l’Onu. En revanche, la Constitution de la République prévoit la possibilité d’une consultation des « populations intéressées » à l’initiative du gouvernement ou du Parlement. En outre, cette question peut faire l’objet de discussions entre les parties.

Le document de l’Etat l’a d’ailleurs rappelé et la vérité, c’est que les indépendantistes, aujourd’hui occupés à leur posture post référendaire, devront bien, pour ces raisons, s’assoir à la table des négociations.