
La Calédonie aime bien se gargariser de mots. Les « assises », les « table rondes », les « forums » en constituent de multiples occasions au cours desquels les grands discours ne sont, en général, suivis de rien. On se souvient aussi des « plans » et des « grandes causes » ou leur déclinaison en « cause territoriale ». Mais que sont devenus la lutte contre les abus d’alcool, la prévention de la délinquance, le plan de développement du tourisme, l’objectif « zéro mort sur les routes calédoniennes »?
Aujourd’hui, il est question de « réforme fiscale ». Bigre. Même à l’échelle de la Calédonie, une « réforme » fiscale est un énorme chantier. Elle indique d’abord son objectif, non pas en quelques vagues phrases sur des lieux communs comme « réduire les inégalités » ou « relancer l’économie ».
L’impôt est consacré dans la Déclaration de l’Homme et du Citoyen. C’est dire si son importance est sociétale, au moment où la révolution française renversait la monarchie et mettait en place une nouvelle société française.
S’il y a réforme fiscale d’envergure en Nouvelle Calédonie, il y a également un vaste et complet dossier explicatif. Il est nécessaire d’en connaître les buts sociétaux, les orientations économiques, les objectifs sociaux. Il est nécessaire de connaître précisément l’impact des prélèvements envisagés -car l’impôt est un prélèvement-, et leurs conséquences sur l’économie, sur la consommation des ménages, sur la situation des contribuables. Affirmer qu’il s’agit de « prendre l’argent où il est » est un peut court, et relève du niveau de l’école fiscale primaire.
La réalité, c’est que dans sa forme actuelle, le dossier fiscal du gouvernement n’est qu’un catalogue dont le seul but est de renflouer les caisses publiques. L’exercice peut être dangereux parce qu’improvisé dans un domaine essentiel de la vie d’une collectivité. Le dicton dit que gouverner c’est prévoir. Là, rien n’est vraiment prévu. Même pas l’affectation de certaines recettes proposées …