Les institutions ne valent que ce que valent les hommes qui les animent. Or ce sont les institutions qui décident des grandes orientations qui fondent l’économie, et donc les ressources destinées à faire fonctionner un pays. Quand ces ressources existent, il ne suffit pas d’y puiser. Il faut en préserver la source, sous peine de la tarir. Dans le souci de prélever la somme gigantesque de 40 milliards dans la poche des entreprises, des consommateurs et des contribuables, la majorité du gouvernement actuel risque de condamner pour une période longue la Nouvelle Calédonie à régresser économiquement, au détriment du bien être de ses populations.
La France a connu cette situation lors des années 80, lorsque les socialistes sont arrivés au pouvoir, avec pour bagage une idéologie dépassée, et l’ignorance des principes de l’économie moderne. Les syndicats de gauche avaient évidemment emboîté le pas des décisions rétrogrades engagées par le gouvernement Mauroy.
Plus près de nous, la situation des outils de développement de la province Nord devraient inciter à davantage de réflexion et d’humilité sur les décisions à venir. Les acteurs économiques savent ce qui est raisonnable pour maintenir une économie en place et lui donner des leviers de croissance. Le pire arrive lorsque des responsables politiques sont convaincus que la vérité réside essentiellement dans l’idéologie, et non dans la connaissance de la complexe mécanique de l’économie.
Qui alimente les ressources publiques ? Les fonctionnaires ? Les établissements publics ? La réponse est dans l’économie, strictement dans l’économie, exclusivement dans l’économie. Le nickel n’est qu’un amas de terre, s’il n’est pas transformé par l’industrie, puis commercialisé sur les marchés.
Le danger d’une conception archaïque de l’économie calédonienne nous menace directement. Les majorités du gouvernement et du Congrès sont en quête d’argent. Une palette de mesures leur a été présentée par les fiscalistes. Suffit-il d’y piocher, un peu au petit bonheur la chance, avec ce vieux péché d’envie qui conduit à imaginer que pour “prendre l’argent là où qu’elle est”, il suffit de taxer les riches ? Piètre conception de l’alimentation des caisses publiques. La production de richesses est basée sur le profit. Une entreprise ne rémunère ses salariés, n’investit et ne paie des impôts que si elle réalise des profits, y compris pour ceux qui ont assumé le risque de la créer ! A défaut, il faut revenir à la conception socialiste de l’économie et se résoudre à brûler les formidables atouts de la Nouvelle Calédonie.
Prenez le cas de la taxation des dividendes. Avant d’imaginer une telle mesure évidemment populaire dans les secteurs publics qui vivent de la production de richesse par les entreprises, a-t-on réfléchi sur des voies et moyens de mieux répartir la richesse sans mettre en péril les mécaniques de production de richesse ?
S’est-on posé, par exemple, la question d’une économie fondée sur l’actionnariat des salariés ? Il conviendrait ainsi, dans une telle hypothèse de favoriser cet actionnariat, véritable option du partage de la richesse produite par une vraie stratégie économique et sociale, y compris en favorisant l’éventuelle distribution de dividendes à leur endroit.
Mais malheureusement, nous n’en sommes pas là. Le fameux modèle économique calédonien demeure, comme la plupart des grands sujets sociétaux, au stade de l’incantation. En attendant, une conception archaïque de l’économie risque d’être fatale à la Nouvelle Calédonie.
