Hier se déroulait la troisième et ultime consultation des électeurs calédoniens qui devaient exprimer l’un des deux choix proposés : soit créer un Etat indépendant, soit demeurer au sein de la République française.
Pour la troisième fois, ils ont donc choisi de maintenir la Nouvelle-Calédonie dans la France. Cette fois, en raison de la décision des partis indépendantistes de ne pas participer au scrutin, c’est avec une majorité écrasante de 96,49 % que le NON l’a emporté.
Comme aux deux autres scrutins, les provinces sont clivées. En province Sud, la participation est de 60,56% et le NON recueille 96,92% des suffrages. En province nord, cette participation est de 16,76% pour 93,76% de NON. La province des Loyauté a le record d’abstention avec 4,54% de participation, et 85,61% de NON. Très clairement, les majorités provinciales sont écrasantes : pour la France dans le Sud, pour l’indépendance dans le Nord et aux Iles.
Les électeurs calédoniens se sont exprimés (presque) librement. C’est ce qu’ont pu constater les magistrats et les observateurs de l’Onu. La confirmation du maintien du territoire dans la République est donc incontestable au plan des règles constitutionnelles et démocratiques. La mise en cause du résultat sera donc politique, et sera menée par les partis indépendantistes.
Pourtant, il apparaît clairement que des pressions se sont exercées. Ainsi, aux Iles, le NON avait recueilli 2500 suffrages en 2020. Ce score passe à … 805 en 2021. Difficile de croire qu’en un an tout juste, 1700 électeurs ont subitement changé d’avis !
Quelles que soient les exégèses sur les scores obtenus, l’Accord de Nouméa est achevé, et la période dite transitoire est close. C’est le résultat de la série de trois consultations proposées dans le dit Accord, et dont la dernière s’est déroulée librement hier. L’Accord de Nouméa « cesse de produire ses effets ». En revanche, la loi organique continue à produire la majeure partie des siens, jusqu’au remplacement de ses dispositions par d’autres dispositions
Ainsi, le corps électoral gelé ne tombe pas automatiquement, mais il ne pourrait s’appliquer désormais pour une élection provinciale. Ce sujet majeur et hautement sensible sera au cœur des négociations qui devront s’ouvrir pour rénover l’architecture institutionnelle de la Nouvelle Calédonie. Il s’ensuivra une modification nécessaire de la Constitution, et le vote d’une nouvelle loi organique.
Le Président de la République a déclaré prendre « acte solennellement du résultat de ces trois scrutins. Ils confirment la volonté de la majorité des Calédoniens de rester dans la République« . Il s’agit, pour le Chef de l’Etat, de bâtir « des réponses institutionnelles et juridiques » aux questions que posent, désormais, la fin de la période transitoire inscrite notamment dans le titre XIII de la Constitution de la République.
Sébastien Lecornu, présent en Nouvelle Calédonie, va s’y appliquer. Les partis indépendantistes ont déclaré qu’ils refuseraient de le rencontrer. Mais ils ont déclaré tant de choses depuis un an. Un chose est certaine : Louis Mapou est un président indépendantiste du gouvernement local. Pourra-t-il mettre en œuvre le programme évoqué dans sa Déclaration de Politique Générale, et notamment l’équilibre du budget 2022, le sauvetage de l’usine du Nord ou le redressement des comptes sociaux sans contact avec le ministre des Outre mer ?
