
Plusieurs candidats l’ont affirmé, lors du premier débat organisé sur LCI entre les cinq prétendants à l’investiture Les Républicains à la prochaine présidentielle, quand la Nouvelle Calédonie, et le troisième scrutin de consultation d’autodétermination y ont été évoqués : la Nouvelle Calédonie doit demeurer au sein de la République. Des reproches ont même été adressés à ce sujet au Président de la République et au gouvernement, accusés de ne pas suffisamment s’engager dans cette voie. Pourtant, en 2007, c’est l’UMP alors au pouvoir sous le magistère de Jacques Chirac, qui a mené le combat pour l’adoption du gel du corps électoral, régime d’exception en forme de coup de pouce vers l’indépendance. Mémoire.
Bruno Retailleau a finalement renoncé à cette primaire, pourtant lui s’était opposé au gel. Lors d’un débat fameux au Sénat le 16 janvier 2007, il n’avait pas hésité à déclarer : » Je ferai entendre une voix dissonante, ce qui me semble légitime, car ce texte peu ordinaire priverait définitivement des citoyens français de leur droit de suffrage pour certaines élections sur une partie du territoire national.
Monsieur le Ministre, votre réforme ne se contente pas de tordre le cou à l’universalité du suffrage, elle viole aussi le principe républicain d’égalité en créant une citoyenneté au rabais à côté d’une citoyenneté de plein exercice, pour un motif que l’on dit de « domiciliation », mais qui est, en réalité, un motif qui tient aux origines !
Que dire d’une Constitution qui autorise un Maltais à voter aux élections municipales à Marseille mais qui interdit à un citoyen français de voter sur une partie du territoire français ? (Exclamations sur les bancs socialistes.)
C’est en pensant à la Nouvelle- Calédonie, mais aussi à la France tout entière, où les enclaves territoriales se sont multipliées et où demain, un droit dérogatoire pourrait aussi être revendiqué, que je ne voterai pas ce texte ! »
Le ministre de l’Outre mer d’alors, dont beaucoup, aux LR, souhaitaient la candidature, était François Baroin, défendant le projet de gel du corps électoral. Remettant en cause le « corps électoral glissant », il avait affirmé : « Voilà pourquoi depuis 1999 l’État considère que le corps électoral est gelé. » Autre affirmation saisissante : « Le gel du corps électoral écarte environ 700 électeurs supplémentaires, inscrits en 1999, du droit de vote pour les élections de 2009. » On en a vu, finalement, les vraies conséquences sur le corps électoral calédonien …
Les élus ne font pas ce qu’ils ont dit qu’ils feraient, accusation tenace -et trop souvent confirmée- rappelée ces temps ci par Eric Zemmour. Le gel du corps électoral a constitué un soutien aux tenants de l’indépendance de la Nouvelle Calédonie. En revanche que l’on soit macroniste ou pas, force est de constater que, pour la première fois, un Premier ministre (Jean Castex) a déclaré, -devant le Sénat, justement-, qu’il souhaitait que la Nouvelle Calédonie reste dans la République. Quant à Sébastien Lecornu, personne ne peut lui reprocher sa fermeté et sa constance pour l’intérêt de la France et celui de la majorité des Calédoniens dans notre épineux dossier.
On peut tout affirmer dans une campagne électorale. Mais il n’est pas interdit de se souvenir …