DÉGRADATION DES RELATIONS FRANCE-AUSTRALIE

Les paroles ont un sens : en affirmant que Scott Morrison lui avait menti, Emmanuel l’a qualifié de … menteur, aurait conclu Jacques de Chabannes, marquis de La Palice. Lorsqu’un premier ministre se fait traiter ainsi par un chef d’Etat, et que le propos est public, cela s’appelle un incident diplomatique.

Pourtant, ce propos est personnel. Il ne vise, ni l’Australie, ni les Australiens, mais le responsable de leur gouvernement. « Scott Morrison a démontré qu’il est moins digne de la confiance que les Australiens peuvent avoir en leur chef » (« I think Scott Morrison has demonstrated he has less trustworthiness than Australians can expect from their leader.« ) a d’ailleurs déclaré à ce sujet Penny Wong, « Shadow Foreign Minister » australienne.

Ces relations glaciales peuvent-elles connaître des prolongements pour la Nouvelle-Calédonie ?

Probablement. On peut envisager globalement trois sujets majeurs.

Les relations bilatérales, Nouvelle Calédonie-Australie, d’abord. Il n’y pas de raisons objectives pour estimer qu’elles vont être altérées. Ni dans les échanges commerciaux, ni dans la circulation des personnes. La question peut se poser pour ce qui concerne la coopération militaire, mais la France et l’Australie appartiennent au même camp, et l’histoire militaire commune est ancrée dans leur histoire. Ainsi, on ne voit pas pourquoi cette relation serait dégradée.

L‘approche géopolitique, ensuite. Effectivement, le contrat rompu des sous marins français et la conclusion de l’accord Ankus entre l’Australie, les Etats Unis et la Grande Bretagne a montré à la France et à l’Europe, une sorte de mise à l’écart dans la région Asie-Pacifique.

Or la France y est présente, notamment par la Nouvelle Calédonie. Elle y est également par sa force de frappe océanique. Le sous marin nucléaire lanceur d’engins l’Emeraude est resté tapis au fond de la Mer de Chine au début de cette année.

C’est donc probablement au plus géopolitique que l’affaire des sous marins et la signature d’Ankus auront, pour la France, les plus grandes conséquences. La première d’entre elles est, sans aucun doute, la mise en relief de l’importance stratégique considérable de la Nouvelle Calédonie …

Les relations Europe-Australie, enfin. L’Europe est un immense marché, y compris pour les produits australiens qui ne bénéficient plus d’une entrée via la Grande Bretagne depuis le Brexit. Or Emmanuel Macron va présider le Conseil de l’Union Européenne à partir du 1er janvier prochain …