SANTÉ DOKAMO … LE PLANPLAN

La Nouvelle Calédonie est souvent le pays des choses à moitié faites. Ou encore moins … Les « Plans », les « Assises » ou encore les « Etats Généraux » ont plutôt rarement dépassé le stade de la communication. Au mieux, ils ont constitué une référence de bonne conscience. Au pire, ce sont des exercices d’incantation, particulièrement prônés selon le principe que la parole … est action.

Dans les temps récents, il y a eu ainsi le vaste plan anti-délinquance dont les dizaines d’items sont demeurés des vœux pieux, seulement utiles à être une décoration de vitrine.

Il y a eu un vaste plan contre les abus d’alcool. Même le grand hebdomadaire « l’Express » titrait, en 2017, admiratif de cette volonté venue de 22.000 kilomètres, « La Nouvelle Calédonie s’attaque aux abus d’alcool« , avec un commentaire ronflant : « Nouméa – Le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie a adopté mardi « un plan de bataille » contre la consommation excessive d’alcool, face à ses conséquences de plus en plus inquiétantes sur la société, a-t-il indiqué. » Qui, depuis, a constaté une baisse des abus d’alcool, et d’autres mesures que des hausses de prix visant à renflouer les caisses du territoire ?

En 2006, l’Inserm a publié une étude accablante sur les comportements à risque en matière d’addictions, de suicide, de conduite et de sexualité. Un plan repris quelques années plus tard par les autorités locales avec force tambours et trompettes. Et puis, la musique s’est éteinte …

Le pompon est probablement le Plan DoKamo, devenu l’alpha et l’oméga des progrès de la Santé en Calédonie, la référence en matière de prévention comme de curatif, en passant par la protection sociale.

Sa fiche officielle indique, sans rire :
« Adopté par le Congrès en mars 2016, le plan Do Kamo est le plan de santé calédonien pour la période 2018-2022.
Il traduit l’urgence à réformer, restructurer, piloter, maîtriser et évaluer notre système de santé, et de protection sociale dans sa globalité mais aussi à développer une véritable offre de prévention, accessible à tous les Calédoniens, tout au long de leur parcours de vie.
Il propose une approche intégrée de la politique de santé autour de trois axes stratégiques :  
-construire un nouveau modèle économique du système de santé calédonien,
-construire une nouvelle gouvernance du système de santé calédonien,
-assurer une offre de santé efficiente grâce à une offre de prévention renforcée et coordonnée avec l’offre de soin. »


2022 arrive dans 2 mois. Les hôpitaux manquent de moyens et de personnels, le redressement de la Cafat est toujours en attente, la prévention à grande échelle n’est qu’un mirage. Inutile d’évoquer, bien sûr, l’avènement du « nouveau modèle économique du système de santé« , de la « nouvelle gouvernance du système de santé » et de « l’offre de prévention renforcée« : on nagerait dans le comique.

Pourtant, à travers les effets dramatiques du Covid, un constat a éclairé le pays tout entier : l’obésité, le diabète, les maladies cardio-vasculaires sont des maladies présentes, inquiétantes, et qu’il faut combattre … d’urgence.

Encore un effort, et l’on s’apercevra aussi qu’on le sait depuis quelques dizaines d’années, et que Do Kamo en faisait une urgence … en 2016