NOUVEAU PRÉSIDENT DU SÉNAT COUTUMIER, YVON KONA, UNE PERSONNALITÉ À DÉCRYPTER

Très à l’aide sur le plateau TV, face à Nadine Goapana, le nouveau président du Sénat Coutumier répond sans détour aux questions directes de la journaliste. Il ne cherche pas ses mots, et ceux-ci ont un sens. Il y a déjà une mue entre ceux du militant indépendantiste et les mots du président de l’Institution.

Chef de clan de Nanon-Kenerou, à Canala, ancien adjoint au maire, collecteur-coordinateur de la mémoire kanak au sein de l’ADCK, Yvon Kona est précis sur la priorité de son action : la jeunesse et le travail. L’emploi semble pour lui essentiel, pour tous, bien sûr, mais surtout pour ces jeunes en rupture de ban avec la société, souvent à partir de 13 ans.

Pour lui, il est important d’inculquer les principes d’éducation à l’école, et pour les plus âgés, de leur ouvrir la voie du travail. « Les fondamentaux« , souligne-t-il, sont essentiels à rappeler à cette jeunesse : « la naissance, le mariage et le deuil« . Des fondamentaux qui constituent les grandes étapes de la vie, pour des jeunes qui ont perdu tout repère. Allusion également aux travaux du Sénat sur les valeurs kanak, des travaux que le nouveau président va certainement approfondir.

Yvon Kona a également montré un visage pragmatique. Sur le Covid, rappelant les ravages des épidémies importées, comme la lèpre, il recommande la vaccination, une obligation qui doit être relayée par les autorités coutumières.

Sur les grandes révoltes kanak, celle d’Ataï dont les restes ont récemment été inhumés, celle de 1917 également, le nouveau président défend le devoir de mémoire, mais le met au service de la « réconciliation« .

Sur le référendum, pour lequel l’homme engagé a prôné le Oui, le président du Sénat prend de la hauteur. Voter est un devoir qu’il faut respecter, quelle que soit son opinion. Et surtout, défend-il, il faudra respecter le résultat du scrutin du 12 décembre prochain. Liberté de conscience, liberté de vote, les femmes vont-elles entrer au Sénat Coutumier ? « Pourquoi pas ? », indique Yvon Kona.