
Les restes de la dépouille d’Ataï ont été inhumés à Fonwhary, en même temps qu’a été posée une plaque à la mémoire des 32 colons tués au cours de l’insurrection. Cette cérémonie clôt un chapitre douloureux de l’histoire coloniale en Nouvelle Calédonie, après que près de 100 ans après sa mort, son histoire fut rappelée par le père Appolinaire Anova dans un écrit qui demeura pratiquement inconnu jusqu’à sa publication partielle en 1969.
C’est Nidoishe Naisseline et le groupe qui l’accompagnait, qui ont popularisé la lutte d’Ataï, phénomène amplifié par les actions des « Foulards rouges » pour la décolonisation en fin des années 1960. Le « Groupe 1978 », fondé par Elie Poigoune en 1971, se situe dans la même symbolique du grand chef, révolté par les intrusions du bétail des colons sur les terres des clans de Kamele, et dont le récit rapporte que devant le gouverneur de la Colonie, il déversa un sac de terre en disant « voila ce que nous avions« , puis un sac de pierres en poursuivant « voila ce que tu nous as laissé« .
C’est pourtant un auxiliaire kanak qui mit fin à la révolte d’Ataï. Ce fait d’arme a fait l’objet d’une coutume de réconciliation entre les clans de Thio-Canala et de la Foa impliqués dans ces événements sanglants.
L’insurrection avait fait de nombreuses victimes parmi les colons et les gendarmes, à Boulouparis, à La Foa et avait connu des prolongements jusqu’à Bourail, Poya et Voh.
La cérémonie de Fonwhary, en dépit de quelques moments de crispation, est symbolique du mouvement de l’apaisement des tensions voulu par les Accords de Matignon, et mis en exergue dans le préambule de l’Accord de Nouméa. Celles ci demeurent entretenues, mais cette fois dans un contexte totalement démocratique, par l’échéance du scrutin du 12 décembre prochain.
Mais il n’empêche : il s’agit d’un pas supplémentaire vers la réconciliation entre Kanak et Calédoniens, et comme l’affirmait Lao Tseu, « Une marche de 1000 lieues commence par un pas« .