Une population insuffisamment vaccinée, des facteurs de comorbidité importants, la Martinique est submergée par la vague de Covid qui s’est abattue sur elle. En dépit d’un niveau hospitalier moderne comme en ont tous les départements français, les malades s’accumulent, et la médecine appliquée s’apparente à la médecine de guerre : choisir, entre deux malades, celui qu’on va sauver, et celui qu’on va laisser mourir, la pire situation pour un médecin. Cette catastrophe se développe en Polynésie et c’est la situation qui menace les Calédoniens, malgré le sas sanitaire, en raison de l’insuffisance de vaccination. Risque majeur.
10 MORTS CHAQUE JOUR EN MARTINIQUE
La situation en Martinique est effrayante. “Du jamais vu” pour le personnel médical. Quelques renforts arrivent de métropole. Mais cette solidarité sera vaine avec la saturation des lits de réanimation.
Si l’état des malades se dégrade, ils doivent aller en réanimation. Sauf que la place manque, se désole le chef du service du CHU, le docteur Cyril Chabatier. “Le bon terme, c’est submergé. À l’heure actuelle, il y a 45 lits de réanimation qui ont été ouverts sur le CHU, plus de 10 lits par l’armée et malgré tout cela il y a près d’une centaine de patients dans les étages qui relèveraient d’un service de réanimation et que nous ne sommes pas en mesure de prendre.”
DES MORTS DE 30 ANS
Quand on lui demande ce qui est le plus dur, une soignante répond : “Du point de vue humain, c’est maintenant l’âge des patients que l’on a dans les lits. Le plus jeune patient qu’on a eu à prendre en charge avait 19 ans.” La semaine dernière, deux hommes, âgés de 31 et 33 ans sont morts du coronavirus en réanimation.
CHOISIR LES PATIENTS À SAUVER
La bascule est faite entre la médecine civile destinée à tout mettre en œuvre pour sauver les patients et la médecine de guerre qui priorise les personnes ayant le plus de chances de survivre. Le plus terrible pour les médecins et les personnels soignants.
“On est en train de devoir déterminer qui entre des personnes de 30 ans ou 20 ans va bénéficier en priorité de l’accès à la réanimation“, choix déchirant indiqué par le docteur Sabatier.
EN POLYNÉSIE LE SYSTÈME DE SOINS AU BORD DE LA SATURATION
En Polynésie, on est au bord de la catastrophe. Du jamais vu également. Les systèmes de soins sont au bord de la saturation aussi bien à Tahiti que des les Iles. Pierre-Henri Mallet, médecin épidémiologiste au Comité Covid indique que les prises en charge, à l’Hopital, se font au détriment d’autres patients. D’autres patients qui pourraient très prochainement se retrouver être les habitants dans îles “où la situation commence à être problématique” consent la directrice de la Santé, Merehau Mervin. “L’archipel des îles Sous-le-Vent est certainement celui qui nous inquiète le plus à ce jour. On a une situation très inquiétante sur Huahine et l’accélération se confirme à Uturoa avec un nombre d’hospitalisations qui augmente”.
EN CALÉDONIE, LE DANGER EST PEUT ÊTRE IMMINENT.
Alors que la catastrophe sanitaire rôde, la Calédonie demeure un ilôt indemne du Covid. Cela créée une nonchalance et un sentiment de sécurité durable qui provoquera peut être sa perte.
Il est inéluctable que la barrière sanitaire sera franchie par le variant Delta en raison de sa contagiosité exceptionnelle. Inévitablement, un porteur infectera une autre personne, et la porte d’entrée risque d’être le Médipôle.
Le gouvernement s’est-il assuré de la vaccination des personnels hospitaliers en Nouvelle Calédonie ?
Si l’entrée du virus semble inéluctable, demain, après demain, plus tard, si la date est évidemment incertaine, il est sûr, en tout cas, que la propagation du virus sera alors fulgurante.
Ses effets dépendront du taux de vaccination des Calédoniens. Avec un taux faible, la situation sera analogue à celle de la Martinique. Avec un taux acceptable de vaccination, notamment des personnes souffrant de facteurs de comorbidité, le territoire pourra faire face.
La vraie réponse au terrible risque Covid-variant Delta, c’est la vaccination massive dès à présent. Nos médias, nos écoles, nos entreprises, nos administrations doivent être submergés, non pas de cas de covid, mais par une campagne d’incitation à la vaccination.