
Le document définitif sur « Les conséquences du « oui » et du « non » est sans appel en matière de perte de nationalité en cas de victoire du « oui ». Selon le principe général du code civil relatif au transfert de souveraineté au nouvel Etat ainsi créé, il est opéré un « changement de nationalité de la population qui y est domiciliée, sauf à s’établir hors de ce territoire (…) Sous la même réserve, les nationaux français, domiciliés dans les territoires cédés au jour du transfert de la souveraineté, perdent la nationalité française. » Or les Calédoniens d’origine wallisienne et futunienne installés sur le territoire sont aux alentours de 30.000, pratiquement 3 fois plus nombreux qu’à Wallis et Futuna. De quoi avoir quelques motifs d’inquiétude pour leur vie quotidienne en cas d’indépendance.
DES RELATIONS D’ÉTRANGERS À ÉTRANGERS
La première conséquence est évidemment qu’en cas de victoire du « oui », les populations de Kanaky-Nouvelle Calédonie et de Wallis et Futuna seraient régies selon deux régimes de nationalité différents. Les ressortissants français de Wallis et Futuna seraient des étrangers en Kanaky-Nouvelle Calédonie, et les nationaux Kanak seraient des étrangers à Wallis et Futuna.
Il en résulterait, pour les nationaux Kanak d’origine wallisienne et futunienne, l’obligation de se soumettre aux règles applicables aux étrangers en cas de voyage et de séjour à Wallis et Futuna. Il en serait de même, également, pour tout voyage et tout séjour à destination de la France ou d’un territoire français. Difficultés ou impossibilités enfin, pour une éventuelle poursuite d’études supérieures, ou de carrière sportive sur un territoire français.
Quant aux Wallisiens et Futuniens de nationalité française, leur voyage et leur séjour en Kanaky-Nouvelle Calédonie seraient soumis aux règles applicables à des étrangers.
Sur place, et selon les termes de l’Accord de Nouméa, les Calédoniens d’origine wallisienne et futunienne et participant aux élections provinciales, donc citoyens de Calédonie, auraient vocation à devenir citoyens du nouvel Etat. Mais ceux, non citoyens et résidant sur le territoire, devraient obtenir un permis de séjour, ou une autorisation de résidence.
POUR WALLIS ET FUTUNA, SE TOURNER VERS LA POLYNÉSIE
« L’accession de la Nouvelle Calédonie à l’indépendance aura nécessairement des répercussions sur les autres territoires français du Pacifique« , souligne le document de l’Etat. En particulier sur Wallis et Futuna.
Pour les jeunes Wallisiens et Futuniens, il sera nécessaire de se tourner vers un autre territoire français pour les études supérieures. De toute façon, en cas d’indépendance, l’Université de Nouvelle Calédonie fermerait ses portes dans sa structure actuelle.
Mais Wallis et Futuna perdrait les soutiens multiples dont il bénéficie aujourd’hui parce que les deux territoires sont français :
- les mesures de continuité territoriale
- les evasan
- les formations réservées au SMA aux jeunes de Wallis et Futuna (le SMA quittant Kanaky-Nouvelle Calédonie)
- les échanges de stagiaires (enseignants, pompiers)
- le ressort judiciaire d’appel
- les renforts de secours en cas de catastrophe naturelle ou de troubles à l’ordre public
- l’appui proche des opérateurs de l’Etat (CDC, services des affaires maritimes, culturelles, etc …)
Il va sans dire que l’hypothèse du retour à Wallis et Futuna d’une population jusqu’alors expatriée, ne manquerait pas de poser des problèmes de tous ordres.
Dernier point, enfin : la « diaspora » wallisienne et futunienne de Nouvelle Calédonie participe de manière importante aux revenus de nombreuses familles de Wallis et Futuna. En cas d’indépendance de la Nouvelle Calédonie, un effondrement économique de l’archipel serait inévitable. Il serait accompagné d’une augmentation importante du coût de la vie en raison des effets importation de bien de consommation/perte de valeur de la monnaie locale. Ce qui viendrait obérer de manière substantielle les capacités de transferts de revenus au fenua.
Au total, et quoi qu’en disent les partis indépendantistes et l’Eveil Océanien, de vrais motifs d’inquiétude pour la communauté W&F.