
Rien ne filtre pour l’instant des discussions internes au gouvernement en vue de la répartition des secteurs. Celle-ci est essentielle pour le fonctionnement de l’institution dont les actes ne peuvent se passer des contreseings propres à chaque membre chargé du contrôle et de l’animation d’un secteur.
Les indépendantistes ont la majorité avec six sièges, et donc le pouvoir de décision. Mais ils ne peuvent prendre … la totalité des secteurs qui représentent une charge de dossiers, de réunions, de discussions. Ils vont donc se réserver les domaines essentiels.
Les secteurs les plus sensibles sont traditionnellement la fiscalité, l’économie et le budget. La situation sanitaire particulière d’une part, celle du Ruamm d’autre part, classent en outre la Santé et la Protection Sociale au rang des domaines très sensibles.
Les indépendantistes vont probablement assumer ces responsabilités.
Hors les secteurs, une fonction est importante : le porte-parolat du gouvernement. Une attribution qui nécessite une parfaite connaissance des dossiers, un sens de la pédagogie, et, évidemment, une bonne qualité d’expression orale.
La particularité du contexte est que nous sommes à 21 semaines du référendum. 21 semaines pour convaincre les hésitants que la Calédonie peut être bien gérée sous une direction indépendantiste. Une façon de rassurer ceux qui auraient peur de l’indépendance.
Paradoxalement, le rôle de Louis Mapou et de ses amis sera probablement plus difficile à assumer au pouvoir, que dans l’opposition. L’opposition est le ministère de la parole, le pouvoir, celui des actes. Certes, avec une majorité au Congrès, ils pourraient adopter quelques mesures susceptibles de plaire aux électeurs. Mais pour le reste, leur mission est périlleuse pour deux raisons.
La première est la complexité des problèmes. Un budget 2021 a revoter en équilibre, un budget 2022 à préparer, et à présenter au Congrès le 15 novembre, comme l’indique la loi Organique. Un Ruamm à sauver de la faillite, financièrement et structurellement. Une santé financièrement au bord de l’asphyxie. Une caisse de retraite des fonctionnaires en danger. Et une situation Covid à gérer au mieux des contraintes de liberté d’aller et venir, et de celles résultat d’une dépense publique difficilement soutenable.
La seconde tient à leur engagement pour l’indépendance. L’indépendance, c’est, par définition, couper le cordon ombilical qui relie la Calédonie à la France. À 21 semaines d’un « Oui » espéré, les indépendantistes seront-ils capables de prouver que leur gestion peut se passer de la France ?