
En annonçant sa démission du gouvernement de Louis Mapou, Samuel Hnepeune est logique avec lui même. Ce technicien n’appartient pas au sérail politique, même si son frère Neko, ancien Vice-Président de l’Union Calédonienne, ancien maire de Lifou, ancien président de la province des Iles, demeure un cadre important de l’Union Calédonienne.
Plusieurs fois sollicité, après un passage au gouvernement dans le Cabinet de Gilbert Tyuienon, puis Secrétaire général adjoint, l’ancien cadre de banque devenu PDG d’Air Cal et président du Medef, avait finalement accepté. De conduire le 17e gouvernement Calédonien.
Hélas pour lui, après 5 mois de fausses et vraies discussions, de tergiversations, le Palika a finalement finalement ramassé la mise. C’est l’épilogue d’un échec de l’Union Calédonienne dont le président annonçait pourtant que le parti « irait jusqu’au bout ».
FAIRE TOMBER LE GOUVERNEMENT DANS LA PRÉCIPITATION
C’est probablement une aile plus jeune et moins traditionaliste du parti, qui a précipité la chute du gouvernement ce 2 février 2021. Tous les membres du gouvernement indépendantistes démissionnent, après que la rumeur d’une censure ait couru. La suite est connue : le groupe UC/FLNKS/Nationalistes/Eveil Océanien se prend les pieds dans le tapis avec une élection du nouveau gouvernement pour laquelle la voix du Parti Travailliste n’a pas été « gérée ».
La liste de l’UC est conduite par Samuel Hnepeune, à l’issue d’une délibération des dirigeants close par le Secrétaire général. Pour cette fois, et contrairement à un processus interne qui dure depuis l’époque de la naissance du parti alors mené par Maurice Lenormand, les sections de base et les comités locaux n’ont pas été consultés.
Nous sommes alors en plein conflit sur la reprise de l’usine du Sud. L’Union Calédonienne et ses militants sont en pointe pour s’opposer au schéma -pourtant le seul crédible- incluant notamment le géant du négoce Trafigura. Selon une analyse juridique péremptoire, la chute du gouvernement Santa doit empêcher la poursuite de la poursuite de la procédure de cession. En fait, Thierry Santa participe normalement au Conseil des Mines puis au Comité consultatif des mines, et la transaction est autorisée.
UNE SUITE TROUBLÉE POUR LES INDÉPENDANTISTES
Tous cela n’empêche cependant pas l’élection d’un nouveau gouvernement. Et là, deuxième déconvenue pour l’UC. Ses stratèges n’ont pas prévu la crise d’urticaire de LKU, de l’USTKE et donc du Parti Travailliste, face à une liste conduite par l’ancien président du Medef. Et Patatras : le plan prévoyant 4 « ministres » au groupe UC/FLNKS/Nationalistes/Eveil Océanien s’effondre, au profit d’un équilibre 3-3 avec l’Uni Palika. La voix de l’élu du Parti Travailliste avait été négligée …
Pour le parti de Paul Néaoutyne, c’est la divine surprise. Il revendique alors, lui aussi, la présidence du gouvernement, arguant du fait que l’UC ne peut monopoliser à la fois cette fonction et celle du Congrès.
LA RECULADE DE L’UC
Finalement, après avoir clamé qu’elle ne lâcherait rien, l’Union Calédonienne se résout à porter Louis Mapou à la tête de l’Exécutif. Fini le « nous irons jusqu’au bout ». Et comme il s’y était résolu, Samuel Hnepeune a démissionné pour regagner son poste de PDG d’Aircal.
Certes, les indépendantistes vont maintenant s’appliquer à afficher une belle unanimité pour la campagne référendaire. Mais pour l’UC, le bilan est amer, et ressemble fort à un échec cuisant. D’autant que dans le gouvernement tant convoité, ses élus ne seront plus que deux …
A présent, et dans la perspective de l’élection du président du Congrès, plusieurs interrogations émergent. L’Union Calédonienne va-t-elle tout perdre avec la désignation au perchoir d’un non-indépendantiste, comme annoncé par l’Eveil Océanien ?
Certes, le parti de Milakulo Tukumuli affiche, une fois de plus, une position tarabiscotée. Il exige une candidature unique, comme si l’important, finalement, n’était pas, comme il l’affirme, d’équilibrer les Institutions avec un indépendantiste au gouvernement, et un partisan du maintien de la Calédonie dans la France au Congrès. Que cache cette manœuvre ?
Par sa démission, Samuel Hnepeune « fait monter » Vaimu’a Muliava, de l’Eveil Océanien. Cette bonne manière sera-t-elle « récompensée » par l’exfiltration de Roch Wamytan au Congrès ? Etrange.
Si tel était le cas, dans une alchimie qu’un alchimiste aurait bien du mal à comprendre, l’Union Calédonienne aurait enregistré le plus mauvais des calculs politiques de ces dernières années.