AMI DE LA CALÉDONIE, DOMINIQUE BUSSEREAU PREND SA RETRAITE

C’était un ami fidèle du regretté Pierre Maresca. Cette amitié datait des années militantes aux Jeunes Giscardiens. C’est aussi un ami de la Nouvelle-Calédonie. Dominique Bussereau a occupé les plus hautes fonctions nationales, départementales et communales. Comme il l’avait annoncé depuis toujours, il se retire de la vie politique à 69 ans, un exemple que beaucoup ne devraient pas hésiter à suivre. Dans une interview accordée au Point, il se confie. Morceaux choisis.

« Le Point : Pourquoi avez-vous décidé de prendre votre retraite politique maintenant, à la veille d’une élection présidentielle ?
Dominique Bussereau : Je m’intéresse à la politique depuis la guerre d’Algérie, et cela m’a toujours passionné. Mais j’avais décidé depuis longtemps de ne plus avoir de mandat électif après l’âge de 70 ans. J’aurai 69 ans le 13 juillet, cela tombe bien. Je suis entré en politique jeune en adhérant aux Jeunes Républicains indépendants. Après 50 ans de militantisme et un premier mandat en 1983, j’ai estimé, non pas que j’eusse fait le tour de la question, mais qu’il y a un moment où il faut savoir s’arrêter. Continuer à se présenter indéfiniment me paraissait mal élevé. Cela ne m’empêchera pas de donner mon avis, de suivre la présidentielle, et même d’aider un candidat…

« Vous partez le cœur léger…
Très ! Parce que j’ai toujours eu la chance de partir de mon propre fait. Même si, sur toutes les élections auxquelles j’ai participé, il m’est arrivé d’être battu, notamment aux législatives en 1988. En 2010, quand j’ai quitté le gouvernement, j’avais demandé à Nicolas Sarkozy et à François Fillon de me laisser partir au prochain remaniement. En 2017, étant président de département, j’avais choisi de ne pas me représenter aux législatives. Et aujourd’hui encore j’avais décidé il y a six ans de ne pas être candidat aux départementales.

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« Est-ce la fin des partis politiques ?
S’ils ne se régénèrent pas, c’est certain. Les universités d’été ne font plus le job. Quand nous les avons créées avec Jean-Pierre Raffarin et Henri Giscard d’Estaing, cela durait trois semaines, nous y accueillions 100 jeunes par semaine pour les former à la rédaction des discours politiques, au débat, aux finances locales… Si les partis ne se remettent pas à préparer des élites politiques, ils vont mourir. Aujourd’hui, quel est l’intérêt d’être dans un parti politique ? Aucun ! Pire : avoir une étiquette de militant PS ou LR dans une élection locale est un handicap. Aujourd’hui, pour se lancer en politique, il vaut mieux être président de la jeune chambre économique ou animateur d’une association environnementale ! À Sciences Po, les affiches dans le hall proposent d’entrer chez JPMorgan, mais pas d’adhérer à un parti… C’est un vrai problème pour la démocratie.

« Comment en est-on arrivé là ?
La dernière belle initiative partisane, c’est la création de l’UMP en 2002. Après la défaite de Nicolas Sarkozy et la transformation de l’UMP en LR, le parti s’est rabougri. Ce n’est pas mieux à gauche : la présidence de François Hollande a fait éclater le PS avec les frondeurs. Être chef de parti n’intéresse personne : pour que les clés du PS soient à donner à Olivier Faure, c’est dire… Je n’ai rien contre Olivier Faure que j’aime beaucoup, mais ce n’est pas Mitterrand.

«  L’abstention est le plus grand parti de France depuis quelques années. Comment l’expliquez-vous ?
C’est lié à l’obsolescence des formations politiques traditionnelles et aussi aux chaînes d’info en continu qui mettent en scène 24 heures sur 24 des débats qui n’intéressent personne. Même moi qui suis passionné, dès que je vois un invité politique, je mets une série. Peut-être aussi qu’il n’y a plus les grandes personnalités charismatiques qu’étaient Jacques Chirac, Valéry Giscard d’Estaing ou François Mitterrand…

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« Quel est votre candidat préféré ?
Je ne suis plus à LR, mais je discute avec tous. Celle qui correspond le plus à mes goûts, c’est Valérie Pécresse : elle est la plus au centre. Mais j’aime bien Xavier Bertrand et je connais Michel Barnier depuis la nuit des temps. J’ai quitté LR à cause de Laurent Wauquiez, mais on s’est réconciliés.

« ….À quoi va ressembler votre nouvelle vie ?
Elle va suivre la bonne vieille règle des trois tiers : un tiers de vie familiale renforcée, un tiers de bénévolat au sein de la fondation Giscard d’Estaing, que l’on va développer. Je vais aussi m’occuper du navire Hermione. Et le dernier tiers pour une petite activité professionnelle : conseil d’administration, de surveillance et cours à Sciences Po et à HEC. »